Alceste à bicyclette

Film : Alceste à bicyclette (2011)

Réalisateur : Philippe Le Guay

Acteurs : Fabrice Luchini (Serge Tanneur), Lambert Wilson (Gauthier Valence), Maya Sansa (Francesca), Laurie Bordesoules (Zoé)

Durée : 01:44:00


Alceste à bicyclette part d’une intrigue savoureuse. Deux personnalités, deux esprits brillants, mais deux visages opposés de la société, se livrent à un jeu de pouvoir autour du Misanthrope de Molière.

D’un côté, l’intelligence sociale de Gautier Valence, charmant et conciliant jusqu’à l’hypocrisie, dans le but de s’aménager une place dans le concert des hommes. De l’autre, l’intelligence froide de Serge Tanneur, rigide et réaliste dans son analyse d’un monde sans pitié, où l’on ne vit heureux que caché. La trouvaille du réalisateur Philippe Le Guay est d’éviter de porter Le Misanthrope à l’écran, mais plutôt d’inviter Molière en filigrane. Et les alexandrins du grand auteur trouvent alors dans le microcosme de l’île de Ré un écho contemporain, dans une alchimie au résultat flamboyant, quand les deux comparses répètent leurs vers, ou un peu mollassonne, quand ils parcourent à vélo les sentiers de l’île. Bref, le film aurait gagné à être plus tranchant.

Alceste à bicyclette ne se contente pas de tâtonner autour du chef d’œuvre de Molière, il livre aussi sa petite morale. Philippe Le Guay parvient en effet à rendre tour à tour odieux ces deux personnages, avec une complaisance marquée pour Tanneur, l’ermite. Où se trouve la bonne réponse ? Comment faut-il se comporter avec ses semblables ? Faut-il rester indulgent, jusqu’à tout accepter ? Faut-il ne pas être de ce monde d’artifices ? La destinée humaine étant à la fois personnelle et collective, c’est en respectant des normes sociales justes que l’individu trouvera sa place. Et le film d’oublier alors, en un final tragique et glaçant, que l’homme et la société sont naturellement indissolubles.