Alpha & Omega

Film : Alpha & Omega (2010)

Réalisateur : Justin Long

Acteurs : les voix originales de Justin Long (Humphrey), Hayden Panettiere (Kate), Christina Ricci (Lilly) et Danny Glover (Winston)

Durée : 01:28:00


Une éthopée exotique bien ficelée des sociétés humaines par analogie avec les meutes de loups, dont la romance est le centre et qui veut faire tomber les barrières sociales entre les catégories de populations.

Bien réalisé et remarquablement bien dessiné, Alpha et Omega entraîne son spectateur dans un univers bien pensé où les sociétés animales ont des
problèmes souvent bien comparables aux nôtres (surtout si vous devez chasser le caribou pour nourrir votre famille !). Les caractères des différents personnages sont assez approfondis et la musique, plutôt ordinaire, néanmoins adaptée et bien synchronisée.

Le résultat ne tord pas de rire, mais rafraîchit plutôt : on se laisse simplement conduire dans un contexte qui dépayse.

Sur le fond la meute de loups est à l'image des universités américaines, lesquelles reflètent par ailleurs la société en général. Les alphas, désignés hors
du film par la science pour désigner les animaux dominants dans leur groupe, sont sur la pellicule des loups grands, beaux, forts et intelligents mais fortement conventionnels, tandis que les omégas, qui brillent plus par leur originalité que par leur ambition, sont souvent soit gras, soit laids, soit très mal peignés. Humphrey, un mâle oméga malin et joyeux drille, a jeté son dévolu sur Kate, une jeune louve alpha particulièrement douée. Seulement voilà : les alphas et les omégas peuvent se croiser mais pas... se croiser ! Leur amour naissant sera-t-il possible ? C'est la question principale du film.

Promise au jeune prince du clan adverse afin de sceller une alliance profitable entre les deux meutes, Kate aborde cette union arrangée avec
responsabilité et sérénité. Mais elle va être déçue : le beau prétendant, quoique très sportif, ne sait pas « hurler. » On perçoit dès lors que le film n'a pu éviter la superficialité. Quoi de plus plat en effet que de dédaigner un prétendant parce qu'il ne sait pas chanter ? Certes, les adultes devineront que le chant, véritable institution dans la meute, est probablement la métaphore de quelque chose de nettement plus... charnel... Mais une telle considération aggrave le cas de notre pauvre Kate. Alors que le film voulait la montrer belle et intelligente, la voilà superficielle. La fausse note ne vient pas de qui l'on croit !

Tout ceci s'inscrit de surcroît dans un
contexte qui sied bien peu aux têtes blondes. Ce qui intéresse les loups croise probablement les préoccupations de l'adolescence, mais pas tellement des jeunes enfants. Mis à part la situation voulue cocasse dans laquelle Kate se retrouve affublée d'un soutien-gorge (gag qui a laissé la salle dans une indifférence béate), le « Hurlement à la lune » ressemble à une grande boîte de nuit naturelle, où les jeunes louves comblent avec une lascivité maîtrisée les aspirations des jeunes loups (« Y'a des filles ! » s'écrie Humphrey pour convaincre ses amis d'aller à la soirée). Le fait qu'un adolescent cède à ses inclinations plutôt que d'apprendre à les contrôler est considéré comme quelque chose de normal. Même s'il est vrai que la société des loups, par sa simplicité, permet aux
jeunes loups d'assumer les conséquences de leurs ébats bien plus facilement que dans les sociétés humaines complexes, il n'aurait pas été inutile de rappeler que l'engagement amoureux va plus loin, bien plus loin qu'une simple relation charnelle !

En revanche, alors que les films américains aiment à confronter l'intelligence d'un génie de l'informatique boutonneux à la bêtise d'un bloqueur d'une équipe de football, le film évite la caricature jalouse : les alphas ne sont pas de grands et beaux abrutis sans personnalité. Ils sont perçus comme une élite de choc, fierté de la meute et responsables.