Angélique

Film : Angélique (2013)

Réalisateur : Ariel Zeitoun

Acteurs : Nora Arnezeder (Angélique), Gérard Lanvin (Le comte Joffrey de Peyrac), Tomer Sisley (Philippe de Plessis-Bellière), David Kross (Le Roi)

Durée : 01:53:00


Il doit y avoir un public pour ces mélodrames dans lesquels on présente, sans aucune originalité sur le fond (car la forme est assez remarquable), un Ancien Régime tronqué et trompeur, une jeune fille domptée par un libertin, une Église catholique malhonnête et manipulatrice...

Il doit y avoir un public pour ces intrigues tellement humaines qu'elles en deviennent fatigantes, habitées par un esprit scabreux brodant mille complots, poussant la douce Angélique, érotisée à volo, à un narcissisme ridicule que seul l'art a le pouvoir de sublimer.

Il doit y avoir un public qui aime voir prospérer sur les écrans ce qui, dans la réalité, mène aux malheurs les plus lugubres. Le libertinage, ici, n'est plus un obstacle à la fidélité. Plus encore qu'un choix de vie sans conséquence pour le mariage, on devine qu'il y serait peut-être même une préparation.

Il doit y avoir un public qui aime voir les clercs avec des têtes de salauds, menteurs, plus vils que ceux qu'ils accusent, trahissant (ho la tarte à la crème périmée !) le secret de confession, tandis que les gens de cour ne sont, une fois de plus, que de petits comploteurs sans envergure, des courtisans aux ordres. Voilà tout ce qu'il reste, après l'effet loupe (voir document ci-joint), de l'image de notre belle France d'Ancien Régime, sur le dos de laquelle notre République se gave goulûment.

Il doit y avoir un public, mais ce n'est pas moi...

On a beau apprécier l'excellente mise en scène, le jeu d'acteurs remarquable, les éclairages efficaces, la grande beauté de Nora Arnezeder, toutes ces choses ne font qu'enrober de grâce la pilule trop amère de la bêtise idéologique.