Arsène Lupin

Film : Arsène Lupin (2003)

Réalisateur : Jean-Paul Salomé

Acteurs : Romain Duris (Arsène Lupin), Kristin : Scott Thomas (Joséphine), Marie Bunel (Henriette Lupin), Francoise Lépine (la duchesse), Guillaume Huet (Arsène enfant), Pascal Greggory (Beaumagnan) Eva Green...

Durée : 02:10:00


Le célèbre héros des romans de Maurice Leblanc a connu un succès qui lui a valu plusieurs adaptations cinématographiques. Jean-Paul Salomé a donc été tenté par le projet et il ressort du film que son but n’était pas tellement de montrer un Lupin comme on le connaît tous. Il a pris soin de mettre au goût du jour les manières d’un gentleman et il faut dire que c’est une réussite, ce qui fait du film un échec. En effet, les nombreux lecteurs d’Arsène Lupin seront probablement déçus par le personnage et l’ambiance générale. Pourquoi Lupin, ce séducteur courtois, devient-il une sorte de bête sensuelle, un « eros » ambulant ? Le casting relève du même esprit. Les acteurs ne sont pas toujours très crédibles.
En outre, même si le film présente quelques bonnes scènes d’actions, une reconstitution intéressante et des rebondissements un peu
surprenants, l’atmosphère est dégradée par une réalisation étouffante. Le charme du monde de Maurice Leblanc est très altéré par une foule d’effets spéciaux beaucoup trop imposants. Les effets spéciaux sont tout de même parfois efficaces mais un peu plus de discrétion aurait été bienvenu.

Si vous voulez vous replongez dans les aventures d’Arsène Lupin, ce film n’est pas l’idéal : mieux vaut relire le roman. Le cinéaste, probablement dans un soucis de modernisation, a trahit Leblanc.

Ce qui découle directement du côté moderne du film, c’est le style aguicheur. De fait, l’érotisme est très présent. Il n’y a pas forcément de scènes très explicites, mais tout le film baigne dans une ambiance malsaine de sensualité et d’amour faux (Arsène a une relation avec sa cousine, sans commentaire !). C’est une forme d’érotisme assez dangereuse car elle s’en prend à un état d’esprit. Les sens sont bien sûr attaqués, mais en
plus, contrairement à des scènes moins pudiques, l’imagination risque d’être excitée. Le malaise du film met le spectateur dans une situation embarrassante : soit il est énervé, soit il est gêné, soit il se fait prendre au jeu. De toute façon, les effets sont pervers.

Outre une sensualité débordante, on se demande pourquoi Salomé a voulu faire passer des hommes d’Eglise et la religion pour de la pourriture. De même, que pour l’érotisme, tout est dans l’ambiance et dans un faux détachement de ce qui se passe.
Le héros, Romain Duris, pose des actes et des choix qui sont totalement immoraux. Tout tend à le faire passer pour quelqu’un de génial, de touchant, et… d’exemplaire, mais là où c’était encore facile de faire la part des choses dans le roman, il n’y a plus dans ce film de barrières.

Jean LOSFELD