Astérix aux jeux Olympiques

Film : Astérix aux jeux Olympiques (2007)

Réalisateur : Thomas Langmann, Frédéric Forestier

Acteurs : Clovis Cornillac (Astérix), Gérard Depardieux (Obélix), Alain Delon (César), Benoit Poelvoorde (Brutus)… .

Durée : 01:53:00




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Troisième adaptation au cinéma des célèbres aventures d’Astérix et Obélix (après Astérix et Obélix contre César en 1999 et Astérix et Ob&
eacute;lix : Mission Cléopâtre
en 2002), Astérix aux Jeux Olympiques marque une nette rupture avec les précédents opus. Le film, doté d’un budget colossal (78 millions d’euros), étale sur le papier des arguments de vente remarquables : un casting d’acteurs et de vedettes comme rarement vu, des décors pharaoniques, la promesse d’un feu d’artifice d’action, d’humour et d’espièglerie qui a permis l’incroyable succè
s de la bande-dessinée d’Uderzo et Goscinny.

Coréalisé par Thomas Langmann et Frédéric Forestier (qui avaient déjà collaboré sur le film Le Boulet en 2005), Astérix aux Jeux Olympiques voit l’apparition de nouveaux rôles, et principalement de Clovis Cornillac, qui succède &
agrave; Christian Clavier pour interpréter Astérix. Il faut d’embler noter la multitude de seconds rôles joués par de grands noms du cinéma ou de la scène internationale : ainsi le comique québécois Stéphane Rousseau est Alafolix, l’Allemand Michael Herbig est le centurion Pasunmotdeplus, tandis que du côté français Jamel Debbouze, José Garcia, Dany Boon, Frank Dubosc et Elie Semoun tentent chacun de se faire une place (sans grand succès) dans un casting manifestement constitué à des fins marketing… En effet chacun des acteurs a du mal à exister, leurs apparitions étant réduites à une succession de sketches pas forcément drôles mais surtout sans grand rapport avec le scénario (l’arrivée finale de Numérobis (Jamel Debbouze) donne dans le clip bling-bling…).
Le casting impressionnant serait-il l&
rsquo;arbre qui cache la forêt ?
Astérix aux Jeux Olympiques distille en effet une impression de malaise devant la débauche de grands moyens (effets spéciaux impressionnants, grand spectacle assuré lors d’une course de chars épique…), mais au fond il manque à ce film un script fouillé, un fil conducteur… Il semble en effet que, préoccupés par le succès de leur production, les réalisateurs se soient entendus sur une œuvre consensuelle, sans parti-pris, alors qu’à titre d’exemple, Astérix et Obélix : mission Cléopâtre avait su exploiter l’humour à la fois fin et très (trop) gaulois d’Alain Chabat, d’Edouard Baer et de Jamel Debbouze.
Ici, point de fantaisie, un scénario en roue libre, une action mollassonne : le rythme est bien moins vif, l’humour moins désopilant réside pour beaucoup dans un comique de répétitions (les tentatives d’assassinat de César par son fils Brutus) ou dans des parodies (
Star Wars, Ben Hur), les dialogues ne brillent pas par leur éloquence (sauf le monologue à sa gloire que César s’adresse devant son miroir), tandis que les grands noms du show-bizness se livrent à des exercices d’autopromotion particulièrement dérangeants (Francis Lalanne et Frank Dubosc s’auto-flattent tandis que des stars du sport montrent leurs talents...). Nos amis gaulois sont étrangement transparents : Clovis Cornillac insuffle certes sa jeunesse au personnage d’Astérix, mais son action est bridée puisque le thè
me du film ne tourne pas autour de lui (contrairement à l’esprit de la bande-dessinée), mais autour de l’histoire d’amour d’Alafolix. En conséquence, Astérix est rapidement réduit à un rôle de coach de son compatriote, tandis que son compère Obélix se fait le garde du corps des amoureux. Seul les Romains se sortent bien de ce scénario poussif : Alain Delon ose l’autodérision dans un rôle tout à sa mesure : ses yeux bleu ont encore du charme, son autorité et sa prestance naturelle fonctionnent à plein et chacune de ses apparitions sont autant de moments savoureux. Il forme avec son fils Brutus (Benoit Poelvoorde) un duo de choc : ce dernier est la meilleure surprise du film, par sa prestation burlesque (tant par ses mimiques et ses grimaces cartoonesques que par son comique de langage). Il faut dire aussi que le film lui laisse l’opportunité d’exister de mani&
egrave;re bien plus tangible que les autres rôles. En Brutus cruel et capricieux, il est le pendant naturel de son père César, majestueux et hautain.
Comment ne pas penser qu’
Astérix aux Jeux Olympiques est par bien des aspects un profond gâchis ? Casting de figuration prétentieux, scénario vide et insipide, budget monstre et campagne de promotion envahissante…


Résolument destiné à un cadre familial,
Astérix aux Jeux Olympiques adopte un profil consensuel dans les thèmes qu’il véhicule. L’amitié, l’amour, le sport, le goût du pouvoir etc. sont traités avec le minimum de profondeur, et ce de façon à fédérer un public élargi (des enfants aux adultes).

D’un côté les gentils, c’est-à-dire nos irréductibles Gaulois, dont l’esprit frondeur n’a d’égal que le sens de l’amiti&
eacute;, une simplicité désarmante et un penchant certain à distribuer des baffes… Le thème de l’usage de la force est à ce sujet évoqué avec humour par Obélix, qui remarque que se servir de sa force n’est ni le seul ni le meilleur des moyens pour arriver à quelque chose. Mais manifestement cette problématique ne cadrait pas avec les préoccupations des scénaristes, qui rapidement ont noyé le poisson. Pourtant, privés de leur si précieuse potion magique, les Gaulois vont devoir se battre avec d’autres armes pour remporter les Jeux, et notamment en participant de leur mieux aux épreuves en laissant les méchants (Brutus et sa clique) s’enferrer eux-mêmes dans leur tricherie… Si morale il y a (mais elle n’est pas assez approfondie dans le film qui joue la carte du divertissement tout azimuts), c’est donc que souvent le chemin de la facilit&
eacute; n’est pas le bon… à l’image de Brutus, nourri de la double ambition de succéder à son père et de remporter la main de la princesse Irina, qui perd lamentablement sur les deux terrains.

 


Stéphane JOURDAIN