Avis de mistral

Film : Avis de mistral (2013)

Réalisateur : Rose Bosch

Acteurs : Jean Reno (Paul), Anna Galiena (Irène), Chloé Jouannet (Léa), Hugo Dessioux (Adrien)

Durée : 01:45:00


Voilà un film qui fleure bon la lavande et les cigales, quitte à nous donner un avant-goût des vacances. Quelle personne à peu près équilibrée n'a pas un jour pesté contre ceux qui, même en congés et même au fin fond de la campagne, reste scotchés à leur appareils électroniques ? Ho n'allez pas croire qu'il s'agisse d'une question de génération ! Il y a des jeunes qui savent aller courir ou s'occuper, et des moins jeunes esclaves de leurs écrans ! Hé bien à tous ceux qui défendent encore l'authenticité d'une vie rustique face à l'évanescence des claviers, ce film est votre allié !

Car l'idée est excellente : plonger deux générations (grands-parents et petits-enfants) dans le même bain et ajouter par-dessus le décalage du dépaysement (deux Parisiens pure souche qui débarquent dans une Provence inconnue). Imaginez combien, de la cave au grenier, la situation est riche en potentialités !

Et, pour personnel qu'il est, puisque Rose Bosch a des origines catalanes, le scénario exploite la fibre avec un certain brio. Les deux aînés, dont l'interprétation est tout à fait correcte (Léa Jouannet, pour la petite histoire, est la fille d'Alexandra Lamy), tiennent le choc devant un Jean Reno bougon et râleur sans être écrasant. Au milieu, deux personnages plus effacés mais d'une grande force : la grand-mère d'abord, qui arrondit les angles et dresse ce grand dadet sauvage, et le petit frère sourd-muet, joué de façon éblouissante (et pour cette raison bien exploité par le film) par Lukas Pelissier (vraiment sourd et muet dans la réalité). L'histoire qui se noue entre le grand-père et ce petit, pour classique qu'elle est, n'en demeure pas moins touchante (sans être aussi larmoyante que La Rafle, de la même réalisatrice). Les ados quant à eux semblent essentiellement préoccupés par des histoires de fesses, ce qui est à la fois un triste témoignage de la réalité, et un gâchis pour ce film par ailleurs de très bonne facture.

Comment s'opère ce rapprochement entre générations ? On aurait pu imaginer les jeunes découvrant la vacuité de leur monde, mais quand bien même Léa fait une monumentale erreur (elle semble perdre son pucelage, quand même !), quand bien même Adrien progresse, ce n'est finalement pas au milieu du chemin que les générations se retrouvent.

Car ce qui les rapproche surtout, c'est que les jeunes apprennent le passé hippie de leurs aînés. Puisque nos grands-parents ont fait n'importe quoi, ils étaient cools. S'ils étaient cools, ils le sont peut-être encore.


Dommage que la complicité se construise donc sur un partage peccamineux, en quelque sorte... Parce que pour le reste, le film est très bien construit, éloquent par sa simplicité, amusant, cinglant dans la peinture des caractères (les parents et leurs inconstances sont épinglés en bonne et due forme) et, redisons-le, profondément attachant dans la valorisation qu'il fait du terroir. Certains passages confinent vraiment au Pagnol et c'est tant mieux !