Bandidas

Film : Bandidas (2004)

Réalisateur : Joachim Roenning et Espen Sandberg avec Salma Hayek

Acteurs : Salma Hayek (Sara Sandoval), Pénélope Cruz (Maria Alvarez), Steve Zahn (Quentin Cooke)… .

Durée : 01:35:00


Issu de la publicité, le duo de réalisateurs norvégiens, amis d’enfance, travaillaient avec Luc Besson, le producteur, depuis de nombreuses années, quand ce dernier leur confia Bandidas. Le film est basé sur une idée intéressante, déjà évoquée par le cinéma français (voir Viva Maria-1965 et Les pétroleuses-1971) : la rencontre de deux femmes qui luttent côte à côte contre un adversaire commun. Dans Bandidas, Besson a réussi à réunir deux stars féminines de
renommée internationale : Pénélope Cruz et Salma Hayek. La rencontre des deux actrices hispaniques est très attendue et Salma Hayek évoque « cette alchimie qu'il y a eu entre nous, qui existait déjà à la ville et qui, je crois, transparaît vraiment à l'écran ! ». C’est donc ce casting qui attire inévitablement le spectateur et qui fait aussi (malheureusement) un des seuls intérêts du film. Le choix des personnages est réussi, chacune des actrices se glisse facilement dans la peau de son personnage, mais la caricature n’est pas loin tellement les dissemblances entre les deux femmes sont exacerbées.L’histoire est sommaire, et le scénario, réjouissant, se révèle parfois invraisemblable. L’humour est certes aussi facile, mais efficace : les crêpages de chignon se succèdent, et l’enthousiasme des deux actrices fait plaisir à voir, tandis que Steve Zahn joue le rôle de faire-valoir. On peut cependant regretter que le méchant (Dwight Yoacham) ne soit pas assez charismatique.Le film doit beaucoup à son atmosphère
s’identifiant à la tradition des westerns, qui reprend certains lieux communs de ce genre artistique : les chevauchées dans de grands espaces, les attaques de banque dans de petites villes typiques du Far-West, autant de lieux qui ont accueilli le tournage du Mexicain (en 2001, avec Brad Pitt et Julia Roberts) et de westerns célèbres avec John Wayne ; on y retrouve de même les duels chorégraphiés entre les héroïnes et des hordes d’hommes de main patibulaires… Le film a été en partie tourné dans la ville fantôme de Real de Catorce, perchée en pleine montagne. La bande-son créée par Eric Serra, compositeur attitré de Luc Besson (sauf dans son récent Angel-A) est aussi d’inspiration traditionnelle, à base de guitares, et donne au film un élan non négligeable. Mais Bandidas dépoussière aussi le genre : les héros sont des jeunes femmes aussi belles que talentueuses, la police est représentée par un détective travaillant avec les dernières découvertes scientifiques…Cependant on peut globalement reprocher au film
son manque de finesse flagrant. Besson a une fois de plus produit une machine à faire de l’argent, trop simpliste et qui se veut parfois ridiculement spectaculaire (le duel final en bullet time à la Matrix). Il ne s’agit donc que d’un film d’action comme beaucoup d’autres, un pseudo-western, sans surprise, efficace mais qui, pour être apprécié, doit être regardé avec indulgence, d’autant que le film lui-même ne se prend pas au sérieux. La réalisation est très soignée d’un point de vue esthétique, dans l’ensemble. Quelques passages sont toutefois surfaits…

Scénario sommaire, humour facile, il ne faut pas chercher dans Bandidas une morale très élaborée. Si les deux héroïnes apprennent à se supporter et à s’épauler pour une noble cause, pour elles tous les moyens sont bons, de l’attaque de banques en passant par la mise hors service du détective lancé à leur poursuite par des moyens très peu catholiques. La jalousie va d’ailleurs les rattraper, le détective en question s’étant
amouraché des bandidas, et celles-ci cherchant à faire pencher la balance chacune de leur côté en mettant à rude épreuve le pauvre homme, réduit au gros lot à gagner dans un concours de baisers…Dans le souci d’amasser le maximum de recettes, le film offre au spectateur une moralité réduite au strict minimum. Trop manichéen, il devient après réflexion insipide et enfantin. Il rappelle inévitablement Robin des Bois, de Disney, sans toutefois qu’on y retrouve la noblesse d’âme et la fougue du héros.

Stéphane JOURDAIN