Be Bad !

Film : Be Bad ! (2010)

Réalisateur : Miguel Arteta

Acteurs : Michael Cera (Nick Twisp / François Dillinger), Portia Doubleday (Sheeni Saunders), Jean Smart (Estelle Twisp), Zach Galifianakis (Jerry) .

Durée : 01:31:00


Un hymne au sexe, à la drogue et à la méchanceté, brossé par un scénario poussif, dépressif et achevé par un humour anorexique.

Visiblement l'intérêt du film ne se situe pas dans le scénario, ni dans les gags essoufflés qui hésitent entre burlesque et graveleux pour finalement choisir les deux. Le jeu des acteurs n'est en revanche pas catastrophique, ce qui relève un peu la qualité technique de l'oeuvre.

On pouvait s'attendre à un nouvel American Pie, comédie pour adolescents prépubères obsédés sexuels et en mal d'auto-justification, mais il était possible de faire pire. Nick Twist est un "ado" mal dans sa peau, vivant avec une mère divorcée et défraîchie qui se jette désepérément sur tous les pantalons qui l'acceptent (pour des parties de jambes en l'air bien sûr). Au cours d'un séjour dans un camping, il fait la connaissance d'une jeune fille passionnée par une certaine culture française (Godard, Ozon, Bécaud, Gainsbourg, Camus...) au langage cru et aux manières particulièrement aguicheuses. Cette pauvre jeune fille a des parents "religieux" (qui seront drogués à leur insu, ça leur apprendra !), dont on saura plus tard qu'ils sont "intégristes" et "trop cathos," qui ont tissé pour elle un contexte doré auquel elle essaie d'échapper par tous les moyens. Pour elle au contraire, "ceux qui résistent
à la tentation ont des vies mornes et tristes". Eperdument amoureux d'elle, Nick va se fixer un objectif hautement édifiant : "tremper sa queue répugnante dans sa touffe". Seulement voilà, Nick est timide et gentil. Pour échapper à son quotidien et gagner le coeur de sa belle, il va donc se créer un personnage inflexiblement abominable. Grâce à cette astuce complètement schizophrénique, il va donc découvrir les délices du vice et de la luxure : notamment mentir de façon permanente, mettre gratuitement en grave danger la vie de ses concitoyens, brûler la voiture de sa mère, droguer la jeune fille en question pour la faire renvoyer d'une école élitiste difficile à approcher pour finalement découvrir, au mépris de toute cohérence, que "finalement, être Nick Twist, ça suffisait". Seul à se dresser sur son chemin (le conduisant en fait droit vers la prison), un jeune homme bien sous tous rapports, que le film n'arrive pas à ridiculiser, qui nourrissait des ambitions nettement plus nobles pour la jeune fille.
Qu'à cela ne tienne ! On apprend à la fin du film que l'établissement pour mineurs dans lequel la police conduit Nick ne sera pas un séjour si désagréable et dans lequel il pourra briller au récit de ses méfaits. Même la drogue est un voyage qu'il faut tenter puisque, c'est bien connu, ce n'est pas dangereux.

Et pour abreuver les jeunes adolescents de ces exemples édifiants, il fallait évidemment que le film soit "tout public".

Affligeant...