Ben-Hur

Film : Ben-Hur (2016)

Réalisateur : Timur Bekmambetov

Acteurs : Jack Huston (Judah Ben-Hur), Morgan Freeman (Ildarin), Toby Kebbell (Messala), Rodrigo Santoro (Jésus Christ)

Durée : 02:04:00


57 ans après la fresque originale de William Wyler avec Charlton Heston, Hollywood, dans sa grande campagne de remakes et reboots en tous genres (Ghost Buster, Independance Day…) se paye le luxe de revenir sur une œuvre emblématique de son âge d’or : Ben Hur. On est en droit de se demander quelles intentions peuvent motiver une telle entreprise. La certitude de mieux faire ? Sûrement pas. Corriger des erreurs techniques ? C’est trop peu et l’écueil est de faire deux fois le même film. Réinventer l’histoire ? Autant faire un autre film, ou au moins choisir un autre film. Ajouter un éclairage différent ? C’est déjà mieux ! Et faire un blockbuster spectaculaire à moindre frais scénaristique ? Burp !

J’aurais cru pendant la première demi-heure de projection à la sincérité du réalisateur, capable de montrer autre chose et de développer les personnages mythiques de Ben Hur et Messala, mais tout retombe vite à plat. Les enjeux de l’intrigue se fondent sur des jalousies clichées et dévoilées sans finesse : divergence religieuse (la scène ou le mère rend ses pénates à Messala est d’une lourdeur sans nom… peut-être aurait-elle été digeste sans dialogue), amours interdites à base de belle sœur et de servantes, frère adopté qui se sent rejeté… bla, blabla, blabla.

On peut en revanche saluer l’amour des chevaux qui habite le film. Ils sont beaux, respectés, bien filmés, et aident tant à faire comprendre les personnages (principalement celui de Ben Hur, renfermé mais très proche de ses bêtes) qu’à faire avancer (difficilement) l’intrigue. Mais, c’est à peu près tout. La vie du Christ s’insère sans finesse dans un scénario où tout rentre au chausse-pied. Hollywood n’a jamais su philosopher, alors les dialogues « de fond » sont des saillies généralistes ou des clins d’œil aux passages de l’évangile... niais… on croirait entendre en continu : « et surtout les enfants, n’oubliez pas… l’amour c’est mieux que la haine ».

On noteras quand même que ce nouveau Ben Hur ne fait aucun mal, au pire délivre-t-il une vision fadasse des évangiles, dans laquelle le courage est omis au profit d’une vision toute moderne de la résilience victimaire ; on notera de ce point de vu le parallèle grossier filé au long du film entre l’occupation romaine et l’immigration… C’est surestimer la violence de l’immigration et oublier que la guerre et l’immigration n’ont pas un écart de degré, mais de nature ! Mais peu importe au dialoguiste, c’est l’occasion de distiller des messages d’acceptation aveugle et de soumission…

Tout cela m’effraierait si je n’étais persuadé qu’un mois seulement suffirait à faire oublier ce navet. Et surtout, n’oubliez pas : pour le prix d’une place de cinéma, vous avez le DVD de Charlton Heston sur Amazon !