Bienvenue à bord

Film : Bienvenue à bord (2010)

Réalisateur : Eric Lavaine

Acteurs : Franck Dubosc (Rémy Pasquier), Valérie Lemercier (Isabelle), Gérard Darmon (Richard Morena), Luisa Ranieri (Margherita Cavallieri)

Durée : 01:30:00


Une comédie drôle autour d'un rôle invariant pour Franck Dubosc (le crétin pas si bête), qui s'en va chatouiller souvent sous la ceinture pour flatter le box-office.

Et voilà une fois encore l'ineffable Dubosc à l’œuvre avec sa bande de joyeux copains. Il donne cette fois la réplique à une flopée de comédiens expérimentés : Valérie Lemercier, dans le rôle de la garce trahie, Gérard Darmon, dans le rôle du directeur de croisière et Lionnel Astier dans le rôle d'un président de conseil d'administration sans vergogne.

Dubosc, c'est un peu comme un copier-coller. Vous prenez l'acteur, vous en faites un crétin fini, vous le mettez dans un environnement pourri jusqu'à la moelle, et il finit par transformer tout le monde de l'intérieur, avec des yeux de petit chaton insouciant qui pr&
eacute;serve son innocence au milieu des fauves. « Si Franck Dubosc est drôle, raconte le réalisateur qui l'avait déjà fait tourner en 2009 dans Incognito, c’est justement parce qu’il est confronté à des acteurs qui réagissent normalement. »

Vous mettez cette histoire dans un camping, un groupe disco, un gang ou une croisière et hop ! Le tour est joué ! Certains trouvent cela insupportable mais moi, qui ne parvient à étouffer complètement mon côté beauf, que voulez-vous, ça me fait chaque fois rigoler !

Voilà donc Rémy Pasquier, un personnage excentrique et complètement décalé qui va devenir
miraculeusement animateur dans une croisière de rêve (tellement idéalisée que la saturation des couleurs de la mer en devient vraiment trop sucrée). Le comique tient au sans-gêne du gaillard, aux quiproquos bien sûr, à son franc-parler et au décalage qui peut exister entre l'innocence et les coups fourrés.

Il s'amourache comme d'un rien mais s'obstine jusqu'au bout à séduire la femme qu'il croit « de sa vie, » ou rencontre Enrico Macias, star invitée du film, auquel il parle avec paternalisme comme s'il s'agissait d'un débutant qu'il allait propulser.

Bref, du vrai Dubosc. « Rémy est un peu le petit frère de Francis dans Incognito, explique É
ric Lavaine
. Il en a la naïveté, la part d’enfance. Mais il n’est pas dupe, il sait qu’on le prend pour un con. D’ailleurs, il le dit dans une scène. Franck parvient à faire passer ces paradoxes. Il n’y a pas beaucoup d’acteurs capables de jouer ça. »

On l'a dit : l'intrigue est toujours du même bois. Cette fois il a été engagé par une maîtresse trahie (la juxtaposition de ces deux mots m'a toujours fait rigoler !) par un homme qui est également son patron. Celui-ci tente de se débarrasser du boulet, en ayant recours aux services de son employé Richard, le directeur de croisière, mais ne peut que prendre son mal en patience, puisque s'il licencie Rémy, sa maîtresse révèle tout à sa femme. Val&
eacute;rie Lemercier, qui de plus n'aime ni l'eau ni les bateaux, n'avait pas vraiment l'habitude jouer les femmes vengeresses : « Au début, j’étais désarçonnée. Je n’ai jamais joué ça, c’est nouveau pour moi. Je suis plutôt abonnée aux rôles de victimes au cinéma. Sur scène, je passe de la pauvre fille au bourreau. »

Accomplis dans une totale (?) innocence, chaque acte de Rémy va méticuleusement mettre à mal les plans machiavéliques du président et charmer son entourage, qu'il s'agisse de l'équipage ou des passagers du bateau. Franck Dubosc assume son rôle : « Ces personnages je les aime, parce qu’ils sont difficiles à interpréter. Quand on joue un méchant ou Monsieur Tout Le Monde, on
peut s’appuyer sur ce qu’on est ou sur ce qu’on voit autour de soi. Quand je joue Rémy, je ne peux pas m’appuyer sur mon vécu ou sur les gens que je rencontre, parce que personne ne ressemble à Rémy ou Francis dans la réalité. Je suis obligé d’inventer, de caricaturer un peu. C’est comme un personnage de dessin animé, unique en son genre. Mon seul repère c’est moi, avec mes qualités, mes défauts, mon imaginaire. Le film se paye même le luxe d'une scène d'émotion assez bien amenée. »

Comme on ne sait plus faire rire sans faire mijoter la désormais habituelle soupe de fesses, on se doute que les situations graveleuses sont nombreuses, histoire de ne pas décevoir le box-office. De plus qu'il est quelque peu insultant
de se sentir ciblé par une recette commerciale, il faut préciser que la quasi-totalité des scènes n'apportent rien à l'histoire. Ajoutons toutefois pour être juste que, nudité mise à part, les scènes sont du domaine de la suggestion.