Jean Becker ne s’écarte guère de son registre habituel. Après La Tête en friche avec Gérard Depardieu, il adapte à présent un roman d’Eric Holder paru en 1998. Une histoire que le réalisateur avait trouvée très sombre à l’origine et loin du ton optimiste de ses précédents films. L’histoire, relatant l’errance d’un retraité dépressif et suicidaire et d’une adolescente lâchée par sa famille, ne prête effectivement pas à sourire. L’émotion y est du reste très présente, même si le réalisateur parvient, parfois de justesse, à éviter le pathos.

Le film tombe parfois dans les travers du cinéma français socialisant : il y a des longueurs, une ambiance souvent déprimante, mais on suit avec intérêt ce drôle de duo à la dérive et on s’attache à lui, d’autant que le film privilégie l’optimisme et la fra& icirc;cheur. Le casting y est pour beaucoup : Patrick Chesnais, plutôt rare ces derniers temps, est impeccable en sexagénaire râleur et déprimé, la débutante Jeanne Lambert se sort très bien de son premier rôle au cinéma, et les seconds couteaux, Miou-Miou et Jacques Weber, sont aussi très convaincants. Hymne à l’espoir et à l’entraide entre générations, le film a surtout le mérite d’éviter le glauque pourtant propice à ce genre d’histoire et d'être pudique avec les scènes difficiles (notamment une tentative avortée de suicide du héros). Il nous offre une histoire de gens simples, venant bien sûr de la province, comme toujours chez Jean Becker, également réalisateur des Enfants du marais.

Cette chronique douce-amère n’a donc rien d’original ni de transcendant, mais peut se suivre sans désagrément.