Bon rétablissement !

Film : Bon rétablissement ! (2013)

Réalisateur : Jean Becker

Acteurs : Gérard Lanvin (Pierre), Fred Testot (Maxime), Jean-Pierre Darroussin (Hervé), Swann Arlaud (Camille), Claudia Tagbo (Myriam)

Durée : 01:21:00


Pouvait-on rêver meilleur rôle pour Gérard Lanvin ? Un personnage râleur au cœur d'or, franchouillard, enfermé dans une chambre d’hôpital, une interprétation qui lui permet d'exprimer son fameux comique pince-sans-rire et son franc-parler… Voilà une réussite totale pour ce huis-clos psychologique de Jean Becker, le réalisateur heureux de La tête en friche et de Dialogue avec mon jardinier.

Comme à son habitude, le réalisateur nous sert donc un petit bijou d'humanité adapté du roman de Marie-Sabine Roger (déjà l'auteure de La tête en friche), dans lequel un homme désagréable se transforme au contact de la misère.

Autour de Gérard Lanvin, un casting pointu. Chaque acteur joue avec une sincérité désarmante. On ne présente plus l'excellent Jean-Pierre Daroussin, habitués au films dits « humains » (comprendre « de gauche »). La prestation de Fred Testot en officier de police attachant confirme qu'il s'agit d'un grand acteur, Swann Arlaud est parfait dans sa tirade de prostitué mal dans sa peau, Claudia Tagbo, qui devait prouver qu'elle n'est pas qu'une comique de service, joue parfaitement les infirmières têtues et sensibles et Mona Jabeur, nouvelle venue dans la galaxie du cinéma, incarne une adolescente fille-mère plus vraie que nature.

Le risque était que l'on s'ennuie. Hé bien pas du tout… Le film va de rebondissements en rebondissements, mêlant toutes sortes de personnalités (extraverties, introverties, violentes ou au contraire douces comme la fraîche Anne-Sophie Lapix, qui a quitté ses journaux télévisés pour l'occasion).

Sur le fond, il est clair que le scénario n'a pas été rédigé sur un prie-dieu. Puisque qu'on doit montrer la misère, on la montre sous toutes ses formes, parfois en la dénonçant (comme sur la question de la prostitution masculine), parfois en la regardant complaisamment (comme le personnage de Florence, prête à quitter son mari le plus naturellement du monde). On nous ressert une nouvelle fois la tarte à la crème de l'homosexuel rejeté par sa famille « droite dans ses bottes » qui souffre et dérape.

Plutôt que de lever les bras au ciel, on préférera donc regarder avec intérêt les rouages d'un monde qui se délite, au travers de cette comédie aux accents parfois fort dramatiques.

Reste qu'il s'agit d'un divertissement agréable et profond, dans lequel les êtres humains se débattent pour le plus grand plaisir de notre appétit existentiel.