Camping 2

Film : Camping 2 (2009)

Réalisateur : Fabien Onteniente

Acteurs : Franck Dubosc (Patrick Chirac), Richard Anconina (Jean-Pierre Savelli), Mathilde Seigner (Sophie Gatineau), Antoine Duléry (Paul Gatineau), Claude Brasseur (Jacky Pic), Mylène Demongeot (Laurette Pic...

Durée : 01:39:00


Pastis et bon humeur pour ce deuxième opus de Camping, tant attendu par les fans. Fabien Onteniente est au meilleur de sa forme et sort le grand jeu dès le générique, où les plans les plus classiques succèdent aux transitions ambitieuses et rafraîchissantes. L'unité de lieu est un peu moins assise que dans le premier opus, essentiellement centré sur le lieu de camping. Parfaitement aligné sur les comédies françaises qui ont marqué la fin du XXè siècle, Camping 2 s'inscrit dans la veine des Bronzés et cultive la phrase culte : « Faut pas trop gratter, c'est pas le Kéno », « quand les esturgeons connaissent le prix du caviar, ils deviennent prétentieux », « fallait pas réveiller le montagnard, mémère », « le mariage est la cause principale du divorce », etc. Le film va jusqu'à tenter de faire chanter la salle de cinéma ! Plus sensible que ses grands frères, le film reste sur les fondamentaux qui ont fait le succès de Camping. La satire est tendre mais elle appuie sur les traits avec une grande justesse et plonge la salle dans l'hilarité. On retrouve l'indéfectible solidarité des campeurs, qui n'est mise à mal que pour se renforcer, la très (trop ?) grande simplicité des personnages, qui savent encenser quelqu'un et le fustiger à quelques minutes d'intervalle, les éternelles préoccupations lubriques des « beaufs » en vacances, le tout agrémenté de chansons françaises impérissables. Le dénouement du film est à la frontière de la coïncidence et de l'incohérence : c'est une assiette au destin improbable qui sauvera le camping mais chut !... ne dévoilons pas tout ! La peinture des caractères est tellement bien sentie que les uns se sentiront dans leur élément tandis que les autres auront de quoi nourrir leur misanthropie. Incarné par l'excellent Frank Dubosc, Patrick est le pivot de tout le camping (quand il est de mauvaise humeur, c'est tout le camping qui est de mauvaise humeur). Toujours célibataire mais en chasse, toujours au chômage mais roi de la combine, toujours maladroit mais sincère en amitié, il ferait pleurer si sa joie de vivre ne savait le camoufler. Annonçant à tout-va qu'il a changé, il est somme toute toujours égal à lui-même, profondément immature et attachant à la fois. Le couple des Gatineau, incarné par Mathilde Seignier et Antoine Duléry, vit toujours entre chien et chat. Tantôt amoureux, tantôt désuni, il donne à croire que le camping est une véritable thérapie de couple. Même si la jeune femme ne trompe pas son mari (la réciproque est plus floue), le jeu qu'elle joue avec ce professeur de yoga pourrait se rapprocher de cet adultère blanc cher au juriste d'antan. Les Pic sont absolument sublimes. Vétérans du camping, ils sont incarnés par deux acteurs très performants. Richard Anconina, nouvelle recrue de l'équipe, pourra laisser un malaise pour plusieurs raisons. D'une part le fait qu'il change aussi brutalement d'attitude (en une nuit il devient l'ami de Patrick, qu'il ne supportait pas) en fait un personnage bien peu rassurant, et d'autre part son personnage anxieux et maniaque est brossé à la va-vite, au point de sonner faux. Après tout est-il si anormal de ranger ensemble les vêtements qui se ressemblent ? Même s'il est difficile de croire à une amitié profonde entre les deux hommes, Richard Anconina s'en tire honorablement lors des scènes intimistes où il parvient à recapter l'attention. D'une manière générale, le film peint le mal d'une époque. De plus en plus pressurisés dans la vie professionnelle, les individus profitent des vacances pour vivre les excès inverses qui, s'ils sont somme toute assez pudiques dans le film, le sont bien moins dans la réalité. Nombreuses sont les répliques du film qui défendent ce point de vue : il faut s'amuser, puisqu'on est en vacances. Mais on ne peut que déplorer les débridements qui conduisent chaque été aux comas éthyliques, aux violences, aux adultères etc. Peut-être aurait-il été judicieux de rappeler que deux mois peuvent changer le cours d'une vie. Si les Gatineau ne s'étaient pas réconciliés, que seraient-ils devenus ? Leur famille aurait probablement été définitivement cassée. Le jeu en vaut-il la chandelle ? Enfin, si l'attachement des campeurs pour leur lieu de prédilection est vraiment touchant, il pose une question d'ordre plus général. Car si les vacances sont un moment important, s'il est naturel de se battre pour ce qu'on chérit, on peut rester perplexe devant cette démesure de l'attachement à quelque chose qui, somme toute, est bien futile ! Il est attristant de voir combien tout ce qu'il reste à « l'homme de consommation » se résume à un camping, et combien la remise en question de leurs vacances les mobilise bien plus que n'importe quelle autre cause, fût-elle bien supérieure.