Décidément, les super-
héros sont de sortie ! Après l'offensive de Warner Bros, avec Green Lantern, Walt Disney contre-attaque en dégainant Marvel, sa filiale depuis 2009 spécialisée dans les comics (équivalents des mangas aux États-Unis). C'est ainsi que naquit, sur la pellicule du moins puisque ce héros existe depuis 1941 en version papier, Captain America !
Est-il possible d'être plus guerrier qu'un super-héros ? Hé bien oui ! Il suffit qu'en plus d'avoir des super-pouvoirs, l'individu susnommé soit... militaire ! Incarné par Chris Evans, qui interprète la torche humaine dans Les Quatre fantastiques, Captain America est un militaire « patriote » (un « facho, » si vous voulez, comme on dit en France) qui aime son pays de toutes les fibres de son corps. Et le pire, c'est que les américains ont l'air de trouver ça normal ! Un homme qui
aime son pays, veut de toutes ses forces s'engager dans l'armée, rêve de porter les armes sur un champ de bataille, voilà qui n'est pas politiquement très correct, sur le continent ! Fi ! Captain America n'en a cure et se met en tête de casser du nazi, contre toutes les règles élémentaires du pacifisme. Que les Talibans tremblent, en attendant leur tour !
Plus sérieusement, cette prise de position de Joe Simon et Jack Kirby, les créateurs du personnage original, a été vécue comme un vrai défi politique, puisqu'elle affirmait ouvertement, alors que Pearl Harbour n'avait pas encore été frappée, que les États-Unis devaient entrer en guerre. « Nous étions cernés par des militants politiques, expliquent-ils, qui organisaient à Madison Square Garden de grands meetings réunissant 50 000 personnes. Certains ont découvert où étaient nos bureaux et ces types très remontés faisaient le piquet en bas et nous crachaient
dessus. Le FBI en ayant eu vent a placé des agents en faction, au cas où. »
Quoiqu'il en soit ce film est une fiction, vous vous en doutez. « Nous avons adopté une approche fantastique de l’Histoire : nous avons pris des événements et des lieux réels auxquels nous avons apporté une touche de science-fiction pour raconter les origines de l’univers Marvel, que nous seuls pouvions raconter. Il y a eu énormément de films de guerre, et notamment sur la Seconde Guerre Mondiale, mais pas comme celui-ci. » (Kevin Feige, producteur).
Dans la réalité, Captain America n'aurait pas besoin de se battre. Il lui suffirait de profiter des fous rires de l'ennemi devant son costume ridicule pour leur subtiliser leurs armes, et le tour serait joué ! Mais sans gigantesque explosion, sans méga-
structure s'effondrant dans un fracas épouvantable, sans hurlements d'homme luttant à bout de force qui pour le bien, qui pour le mal, ce ne serait pas vraiment amusant.
Alors la super-production fait son office et, surtout si le spectateur à revêtu ses lunettes 3D pour la bagarre, la salle est plongée dans un déluge de feu, d'effets spéciaux et de tout ce qui embrase le cerveau pendant deux heures de temps, le tout bordé par un scénario efficace, quoique très classique. Au passage, ce dernier n'hésite pas à emprunter quelques codes à l'excellent Indiana Jones et la dernière croisade (de Steven Spielberg, en 1989 mais ça, vous le saviez déjà !). On retrouve des nazis en quête d'un pouvoir quasi-surnaturel afin de dominer la planète même si, cette fois, l'officier en charge de ce projet a l'idée de s'affranchir d'Hitler et de devenir plus puissant que lui ! Pfff ! Avec ces nazis mon bon
monsieur, vous leur donnez ça, ils prennent ça !
L'histoire est on ne peut plus manichéenne (dans le sens large du mot bien entendu, n'allez pas vous fouler un neurone !). L'Amérique, même avec son sénateur cupide et son colonel psychorigide, est le symbole de la liberté et de la tolérance, tandis que son ennemi est entièrement mauvais : méchant, hégémoniste (pas comme l'Amérique, bin non bien sûr !) et sans pitié.
Mais ce qui fait Cap'tain America, bien plus que le costume ou que les super-pouvoirs c'est avant tout, et le film insiste lourdement là-dessus, sa bonté.
Pour les scénaristes Christopher Markus et Stephen McFeely déjà à l’œuvre ensemble
sur les épisodes de Narnia, « Captain America n’incarne pas seulement les idéaux de l’époque, mais c’est aussi un héros archétypal – il n’est pas né héros : il l’est devenu – dont le courage est sans faille. »
Une véritable exception culturelle à lui tout seul, ce bonhomme : il est droit, juste, déterminé, implacable même, dévoué à la cause, et beau gosse, avec ça ! Bien plus qu'un surhomme, il est donc un symbole. Celui que tous les américains, les yeux plongés dans le drapeau et la main sur le cœur, rêvent d'être (réalité mise à part).
« Au fil des nombreuses versions, Captain America a somme toute peu changé, explique Simon. Bien qu’on l’ait fait beaucoup évoluer depuis l’époque où j’ai créé le personnage, on ne perd pas de vue qui il est et ce qu’il incarne. Captain America est un
symbole. Une icône. »
Comble de la ringardise, ce doux boy-scout a même décidé de ne s'intéresser qu'à une seule fille, qu'il aimera de toutes ses forces pour la vie sitôt qu'il l'aura trouvée ! Voilà de quoi mettre un peu de plomb dans la cervelle des piliers de soirée : l'Amérique, euh la France pardon, n'est pas fière de vous, bande de poivrots...
Attendez-vous enfin à ce qu'il y ait une suite mettant en scène tous les héros Marvel : « Nous avons vérifié, précisent les scénaristes, où en étaient les autres projets — et inversement — parce que nous voulions nous assurer que les différentes histoires s’emboîtaient. Par
exemple, Howard Stark [NDLR : un ingénieur aux côtés de Captain America] joue un rôle d’autant plus important dans notre film qu’il a pour fils Tony Stark, alias Iron Man. On a pensé à tous ces liens dès le départ. »
Il en ressort un film très tonique, absolument invraisemblable, qui défend d'authentiques valeurs et garde sa pellicule propre : pas d'érotisme ni d'ultra-violence, même si les filles sont belles et les ennemis bel et bien atomisés.
Raphaël Jodeau
Décidément, les super-
héros sont de sortie ! Après l'offensive de Warner Bros, avec Green Lantern, Walt Disney contre-attaque en dégainant Marvel, sa filiale depuis 2009 spécialisée dans les comics (équivalents des mangas aux États-Unis). C'est ainsi que naquit, sur la pellicule du moins puisque ce héros existe depuis 1941 en version papier, Captain America !
Est-il possible d'être plus guerrier qu'un super-héros ? Hé bien oui ! Il suffit qu'en plus d'avoir des super-pouvoirs, l'individu susnommé soit... militaire ! Incarné par Chris Evans, qui interprète la torche humaine dans Les Quatre fantastiques, Captain America est un militaire « patriote » (un « facho, » si vous voulez, comme on dit en France) qui aime son pays de toutes les fibres de son corps. Et le pire, c'est que les américains ont l'air de trouver ça normal ! Un homme qui
aime son pays, veut de toutes ses forces s'engager dans l'armée, rêve de porter les armes sur un champ de bataille, voilà qui n'est pas politiquement très correct, sur le continent ! Fi ! Captain America n'en a cure et se met en tête de casser du nazi, contre toutes les règles élémentaires du pacifisme. Que les Talibans tremblent, en attendant leur tour !
Plus sérieusement, cette prise de position de Joe Simon et Jack Kirby, les créateurs du personnage original, a été vécue comme un vrai défi politique, puisqu'elle affirmait ouvertement, alors que Pearl Harbour n'avait pas encore été frappée, que les États-Unis devaient entrer en guerre. « Nous étions cernés par des militants politiques, expliquent-ils, qui organisaient à Madison Square Garden de grands meetings réunissant 50 000 personnes. Certains ont découvert où étaient nos bureaux et ces types très remontés faisaient le piquet en bas et nous crachaient
dessus. Le FBI en ayant eu vent a placé des agents en faction, au cas où. »
Quoiqu'il en soit ce film est une fiction, vous vous en doutez. « Nous avons adopté une approche fantastique de l’Histoire : nous avons pris des événements et des lieux réels auxquels nous avons apporté une touche de science-fiction pour raconter les origines de l’univers Marvel, que nous seuls pouvions raconter. Il y a eu énormément de films de guerre, et notamment sur la Seconde Guerre Mondiale, mais pas comme celui-ci. » (Kevin Feige, producteur).
Dans la réalité, Captain America n'aurait pas besoin de se battre. Il lui suffirait de profiter des fous rires de l'ennemi devant son costume ridicule pour leur subtiliser leurs armes, et le tour serait joué ! Mais sans gigantesque explosion, sans méga-
structure s'effondrant dans un fracas épouvantable, sans hurlements d'homme luttant à bout de force qui pour le bien, qui pour le mal, ce ne serait pas vraiment amusant.
Alors la super-production fait son office et, surtout si le spectateur à revêtu ses lunettes 3D pour la bagarre, la salle est plongée dans un déluge de feu, d'effets spéciaux et de tout ce qui embrase le cerveau pendant deux heures de temps, le tout bordé par un scénario efficace, quoique très classique. Au passage, ce dernier n'hésite pas à emprunter quelques codes à l'excellent Indiana Jones et la dernière croisade (de Steven Spielberg, en 1989 mais ça, vous le saviez déjà !). On retrouve des nazis en quête d'un pouvoir quasi-surnaturel afin de dominer la planète même si, cette fois, l'officier en charge de ce projet a l'idée de s'affranchir d'Hitler et de devenir plus puissant que lui ! Pfff ! Avec ces nazis mon bon
monsieur, vous leur donnez ça, ils prennent ça !
L'histoire est on ne peut plus manichéenne (dans le sens large du mot bien entendu, n'allez pas vous fouler un neurone !). L'Amérique, même avec son sénateur cupide et son colonel psychorigide, est le symbole de la liberté et de la tolérance, tandis que son ennemi est entièrement mauvais : méchant, hégémoniste (pas comme l'Amérique, bin non bien sûr !) et sans pitié.
Mais ce qui fait Cap'tain America, bien plus que le costume ou que les super-pouvoirs c'est avant tout, et le film insiste lourdement là-dessus, sa bonté.
Pour les scénaristes Christopher Markus et Stephen McFeely déjà à l’œuvre ensemble
sur les épisodes de Narnia, « Captain America n’incarne pas seulement les idéaux de l’époque, mais c’est aussi un héros archétypal – il n’est pas né héros : il l’est devenu – dont le courage est sans faille. »
Une véritable exception culturelle à lui tout seul, ce bonhomme : il est droit, juste, déterminé, implacable même, dévoué à la cause, et beau gosse, avec ça ! Bien plus qu'un surhomme, il est donc un symbole. Celui que tous les américains, les yeux plongés dans le drapeau et la main sur le cœur, rêvent d'être (réalité mise à part).
« Au fil des nombreuses versions, Captain America a somme toute peu changé, explique Simon. Bien qu’on l’ait fait beaucoup évoluer depuis l’époque où j’ai créé le personnage, on ne perd pas de vue qui il est et ce qu’il incarne. Captain America est un
symbole. Une icône. »
Comble de la ringardise, ce doux boy-scout a même décidé de ne s'intéresser qu'à une seule fille, qu'il aimera de toutes ses forces pour la vie sitôt qu'il l'aura trouvée ! Voilà de quoi mettre un peu de plomb dans la cervelle des piliers de soirée : l'Amérique, euh la France pardon, n'est pas fière de vous, bande de poivrots...
Attendez-vous enfin à ce qu'il y ait une suite mettant en scène tous les héros Marvel : « Nous avons vérifié, précisent les scénaristes, où en étaient les autres projets — et inversement — parce que nous voulions nous assurer que les différentes histoires s’emboîtaient. Par
exemple, Howard Stark [NDLR : un ingénieur aux côtés de Captain America] joue un rôle d’autant plus important dans notre film qu’il a pour fils Tony Stark, alias Iron Man. On a pensé à tous ces liens dès le départ. »
Il en ressort un film très tonique, absolument invraisemblable, qui défend d'authentiques valeurs et garde sa pellicule propre : pas d'érotisme ni d'ultra-violence, même si les filles sont belles et les ennemis bel et bien atomisés.
Raphaël Jodeau