Cendrillon

Film : Cendrillon (2015)

Réalisateur : Kenneth Branagh

Acteurs : Lily James (Ella), Cate Blanchett (La belle-mère Lady Tremaine), Richard Madden (Le Prince), Stellan Skarsgård (Le Grand Duc)

Durée : 01:44:00


Aïe, aïe, aïe. On avait rêvé sur La Belle au bois dormant, et cauchemardé sur Maléfique ; alors imaginez quand Disney annonce un nouveau Cendrillon. Planquez vos gosses, se dit-on, ça va saigner dans les palais !

Hé bien pas du tout ! Pour cette fois, la maison Disney prend garde à ne pas saccager nos souvenirs de jeunesse.
Premièrement, la féerie. Le palais d'abord, dans un style magnifique qui confine au baroque, les costumes de ses habitants, roi, prince, capitaines et soldats, aux couleurs vives et saturées. La nature ensuite, verdoyante, où Cendrillon rencontre un cerf majestueux remarquablement bien fait. Toute la panoplie de la bonne Cendrillon enfin, après que la marraine eut fait son apparition (interprétée comme par hasard par Helena Bonham Carter, désormais habituée des rôles merveilleux), à savoir le carrosse, les fameuses pantoufles, dont on nous précise bien qu'elles sont confortables au cas où, comme moi, vous vous poseriez sérieusement la question, les laquais et, ainsi que le disaient nos amis british d'avant-guerre, toute cette sorte de choses.
De ce point de vue, c'est donc très réussi.

Les effets spéciaux, sans être époustouflants, sont d'excellente facture et renforcent l'univers merveilleux. Si vous vous demandez comment ils ont pu faire parler les sympathiques souris dans un film, sachez qu'elles ne parlent pas. Allez, séchez vos larmes : plutôt absentes par rapport à l’œuvre originale, elles s'expriment néanmoins dans une très mignonne langue à clic.

L'excellent et très shakespearien Kenneth Branagh signe donc une œuvre visuellement très bien léchée et, comme le dit la publicité, « c'est pas fini ! »

Il est en effet particulièrement agréable de découvrir dans nos salles obscures une image de femme forte. Notre brave Cendrillon montre toutes les qualités de la « yamatunadesiko, » expression japonaise fréquemment utilisée pour les femmes et désignant une fleur des montagnes, belle, apparemment fragile mais résistant pourtant dans les conditions les plus extrêmes.
Ici, c'est exactement ça. Cendrillon montre une bonté à toute épreuve, sans pour autant être une gourdasse (elle n'hésite pas à tenir tête à sa marâtre dans les moments importants).
Cette bonté est d'autant plus délicieuse qu'elle résulte d'une volonté ferme et explicite de Kenneth Branagh de montrer une femme forte à l'opposé du féminisme. Cendrillon n'a pas besoin de distribuer des bourre-pifs ou d'exhiber sa poitrine (quoique le décolleté de sa robe soit beaucoup moins sage que celui du film d'animation). Captive de sa condition, elle est cependant plus libre que toutes les harpies, si libre qu'elle peut même se permettre de pardonner.
Et ça, que voulez-vous, ça fait du bien par où ça passe !