Coldwater

Film : Coldwater (2013)

Réalisateur : Vincent Grashaw

Acteurs : P.J. Boudousqué (Brad Lunders), James C. Burns (Colonel Frank Reichert), Chris Petrovski (Gabriel Nunez), Octavius J. Johnson (Jonas Williams)

Durée : 01:44:00


Alors que nous nous posons encore, en France, la question de la création de tribunaux pour garnements nuisibles, il existe, aux États-Unis, des camps de redressement à la discipline militaire pour mineurs délinquants.

Vincent Grashaw, le réalisateur et producteur de ce film indépendant qui n'est pas encore sorti aux États-Unis, avait jadis dans son équipe de hockey un jeune homme turbulent qui fit cette expérience avant de ressortir du camp vidé de son être. Que s'était-il passé ? Il ne le savait pas, mais en apprenant que ces camps n'étaient contrôlés par aucune loi fédérale, il eut l'idée de dénoncer ce problème en racontant la vie d'un de ces camps.

Ce fut long. Coldwater est le premier scénario de Vincent Grashaw, qui fut déchiré par un producteur tellement il était mauvais. A force d'obstination et en s'entourant de personnes compétentes, il finit par mettre son histoire à l'image.

Le jeu des acteurs est extrêmement brillant, avec une mention spéciale pour P.J. Boudousqué, le jeune délinquant enfermé aux faux-airs de Ryan Gosling, et Ryan Gosling plus habitué à la télévision qu'au cinéma mais très convainquant dans ce rôle de directeur de la structure.

Sans être extraordinaire le scénario ne commet aucune faute majeure, le réalisme est saisissant, la mise en scène très efficace.

Sur le fond, si la critique est aisée, l'art est évidemment difficile. Dénoncer ces camps n'est pas une solution, et l'on sent bien le malaise du cinéaste jusques dans la façon de filmer. Le directeur du camp et les gardiens ne sont pas des salauds. Le colonel compte sur ces camps auxquels il croit, et le seul gardien qui fait vraiment preuve de sadisme se fait licencier. Pourtant, leur extrême brutalité et les dysfonctionnements du camp sont très clairement dénoncés. Comble de la cohérence le délinquant, justement, est un héros rendu sympathique. Dès lors l'hésitation de Vincent Grashaw est palpable. Quelle alternative ? Interdire ces camps ? Les tolérer comme des prisons douloureuses mais nécessaires ?

En faisant son film il choisit alors une solution intermédiaire : demander que des contrôles sérieux soient effectués par L'État.

Cette solution incertaine paraît pourtant la bonne. Ces garçons sont changés. C'est très clair dans le film, et plus encore dans le dossier de presse. Ces garçons sortent transformés. Plutôt donc que de faire disparaître une institution qui impacte les psychologies, pourquoi ne pas transformer l'essai en rendant cet impact positif ?

On sait que le service militaire faisait des hommes responsables même à partir des tempéraments rebelles. Les aînés le disent, et de plus en plus de jeunes regrettent sa disparition. L'idée de mettre en place une structure dotée des mêmes moyens et des mêmes codes n'est donc pas idiot. Le travail d'équipe, l'effort, les responsabilités ne sont-ils pas de ces flammes qui forgent les héros ?

Partant de ce constat le film est intéressant, particulièrement pour relever les fautes éducatives. Ceux qui y dénoncent un remake de Dog Pound n'ont rien compris. La prison de ce dernier film n'avait pas de finalité éducative, bien au contraire ! Ici la question posée est plus sociale qu'individuelle. On se heurte à l'éternelle question qui divise encore nos querelleurs de plateaux télé : face à la délinquance, quelle solution ?

Ces camps en proposent une, que le film corrige et sanctionne. Et vous, qu'en pensez-vous ?