Comme les 5 doigts de la main

Film : Comme les 5 doigts de la main (2009)

Réalisateur : Alexandre Arcady

Acteurs : Patrick Bruel (Dan Hayoun), Vincent Elbaz (David Hayoun et Raymon Hayoun), Pascal Elbé (Jonathan Hayoun), Eric Caravaca (Julien Hayoun), Mathieu Delarive (Michael Hayoun)

Durée : 01:57:00


Voilà quelques années maintenant qu'Alexandre Arcady se voyait refuser tous les rôles qu'il proposait à Patrick Bruel. Cette fois c'est la bonne. Pour cette histoire inspirée de la vie de famille même d'Alexandre Arcady, Patrick Bruel incarne l'aîné d'une famille juive de Pieds-Noirs, montrée dans toute sa complexité. Sans renier le moins du monde les attitudes, le langage et les accents qui ont stigmatisé les juifs algériens, le film fait voler en éclat un certain nombre de préjugés : même si certains juifs ont bien réussi dans la vie, d'autres ont échoué ; même si la famille est sacrée (« Dans cette culture de merde on m'a appris que la famille c'est sacré ! » s'écrie l'un des frères), la fratrie est bel et bien désunie. Alexandre Arcady esquive de justesse le film de mafia en centrant son objectif sur les déchirements d'une famille prise dans une tourmente qui la dépasse, mais l'esprit mafieux est bien là : le parrain, incarné de manière remarquable par Michel Aumont, les rivalités entre les juifs et les gitans, etc. A noter que lorsque les frères veulent acheter des armes, ils doivent soi-disant se fournir soit chez les voyous, soit chez les islamistes. Cette alliance contre-nature entre juifs et islamistes est bien peu crédible : comme s'il n'existait pas en France de mouvements sionistes armés ! Si le jeu d'acteur est globalement très positif, le scénario trace parfois des raccourcis coupables : on ne comprend pas bien ce qui bat de l'aile, dans le couple de Dan Hayoun. Alors que manifestement aucun des deux n'a trompé l'autre, il y a une suspicion infondée et peu crédible. Bien que la trame soit simplissime (chaque frère devra, en plus de ses propres problèmes, porter le passé de leur cinquième frère), l'intrigue est bien ficelée et les rebondissements empêchent de s'ennuyer. A noter que le problème principal est remarquablement bien résumé par une tirade de Michel Aumont : « Père contre père, fils contre fils, c'est marqué dans la Bible. » Évidemment stupide, le principe va néanmoins justifier la vendetta permanente qui nourrit le film.