Comment savoir

Film : Comment savoir (2010)

Réalisateur : James L. Brooks

Acteurs : Reese Witherspoon (Lisa Jorgenson), Owen Wilson (Matty), Paul Rudd (George), Jack Nicholson (Charles Madison), .

Durée : 01:56:00


Il n'y a pas
beaucoup à dire de ce nouveau film de James L. Brooks, scénariste du film Les Simpsons (de David Silverman, 2007) et réalisateur de l'excellent Pour le pire et pour le meilleur (1998). Si les acteurs sont assez bons, leur style torturé à la Woody Allen reflète un scénario tout aussi tarabiscoté, noyant les bons mots dans des flots ininterrompus de paroles malaisées.

Dans le dossier de presse, James Brooks revendique cette complexité : « Nous avons tous, à un moment de notre vie, le sentiment de ne plus pouvoir compter sur ce qui nous semblait acquis. Tous nos repères s’effondrent. Quand cela arrive, la seule chose qui nous reste, c’est l’amour. On se dit que l’existence ne pourrait pas être pire, et soudain, quand il ou elle fait son apparition, la vie ne semble plus aussi affreuse. C’est ça l’amour, c’est ce qui nous sauve quand tout va mal. »


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Mais manifestement l'amour est difficile à trouver. Inépuisable thème des comédies romantiques, il s'agit de savoir identifier son âme sœur, selon cette croyance superstitieuse qu'elle existerait.

Lisa est une sportive de haut niveau qui a confié sa vie entière au softball et vit des petites phrases qu'une marée de post-its couche sur le miroir de sa salle de bain. En sport tout est clair et sincère : on ne triche pas. Mais l'amour est plus complexe, tente de démontrer le film. Tout est question de savoir si l'amour peut se rationaliser. Pour Reese Whiterspoon, « Tous les sportifs gardent dans un coin de leur tête l’idée qu’un jour, ils devront faire autre chose. Ils
savent qu’une carrière sportive ne dure pas indéfiniment, mais c’est toujours difficile de se faire débarquer du navire, et Lisa se retrouve soudain obligée de reconstruire sa vie sans avoir la moindre idée de comment faire. »

Dans cette comédie qui ne semble avoir d'autre but que de montrer le déboussolement, les personnages ne se construisent donc pas vraiment. Ils vivent dans une relation d'attraction-répulsion et ne finissent ensemble que pour des raisons de confort, que parce que l'autre devient agréable. Lisa se sent comprise parce qu'elle est bien avec Georges, et réciproquement. Il est donc probable que sitôt que les épreuves de la vie frapperont les deux sans distinction, il leur sera très difficile de maintenir une relation éprouvée. Mais les comédies romantiques ont ceci d'extraordinaire qu'elles finissent
toujours au moment où les vraies responsabilités commencent, privant ainsi le spectateur du vrai dénouement de la relation amoureuse. Ce genre cinématographique se focalise ainsi sur le choix du partenaire, s'attardant sur l'instantanéité d'une relation naissante plutôt que sur la durée d'une relation vivante.

Qui dit « choix » dit « alternative, » ce qui permet de présenter deux personnages qu'il est stérile d'étudier indépendamment : Matty et Georges. Matty est frivole, irresponsable, collectionneur de jupons et baratineur invétéré. Quand Lisa s'indigne de son inconscience, tant morale que psychologique, il trouve toujours le mot extraordinaire qui inverse la situation, comme tous ces gens qui sont malheureux parce qu'à force de convaincre les autres, ils se trompent eux-mêmes. A l'opposé
Georges est plus profond, plus stable aussi. Doué d'une certaine finesse, il est en train de s'émanciper de la rigueur de son père pour revêtir une nouvelle peau que Lisa participe à lisser.

Alors que Lisa se laissera bercer par Matty, elle finira par choisir Georges. Évidemment la mentalité du temps veut qu'elle aura couché avec Matty avant Georges. Comme l'inverse aurait été plus juste, il est peut-être bon de rappeler que de par l'engagement qu'elles impliquent, les relations sexuelles mériteraient d'être le prolongement d'un amour authentique, c'est-à-dire éprouvé.


Raphaël Jodeau