Conan

Film : Conan (2011)

Réalisateur : Marcus Nispel

Acteurs : Jason Momoa (Conan), Rachel Nichols (Tamara), Stephen Lang (Khalar Sing), Rose McGowan (Marique)

Durée : 01:52:00


Un film de bourrins pour bourrins, digne héritier de la saga originale jusqu'aux insuffisances techniques, qui met en scène un guerrier sans peur mais pas sans reproche dans un contexte d'

On ne s'attend pas, en allant voir Conan, à devoir utiliser sa matière grise ne serait-ce qu'une seconde ; de ce point de vue, aucune déception : on a bien devant les yeux un film qui relèverait du beat'em all des jeux vidéo.

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Conan le Cimmérien est un des héros les plus connus de « heroic fantasy ». Ce genre littéraire, puis cinématographique,est brutal et violent. L'intrigue et la trame de l'histoire reposent en majeure partie sur le personnage principal, un guerrier souvent solitaire, traversant des contrées ravagées par les conflits, dans un contexte souvent fortement érotisé, au milieu de religions occultes et recourant à la magie. Nous retrouvons bien entendu toutes ces caractéristiques dans Conan.

Historiquement, les Cimmériens étaient un peuple de cavaliers nomades, installés dès 1200 av. J-C sur les pourtours de la Mer Noire. Envahis en 700 par les Scythes, une partie d'entre eux se réfugie vers le nord, dans les régions germaniques, où
ils se sont vraisemblablement assimilés aux autres peuplades. Mais leur plus grande renommée vient des Cimmériens qui ont fuit vers le Caucase à partir d'où ils ont mené de grandes conquêtes. On peut imaginer que Conan est de ceux-là.

Que dire, donc, de ce guerrier ? Un bébé prédestiné à être un grand batailleur, (puisque né sur un champ de bataille, où personne ne semble en vouloir, soit dit en passant, au gentil couple de barbares alors que l'on s'éventre 2 mètres plus loin...), qui, adolescent (et sans arme), casse la tête (au sens propre) à quelques indiens qui descendent plutôt de l'ours que du singe, voit son père mourir dans une scène qui ne sera pas sans nous rappeler Il était une fois dans l'ouest (de Sergio Leone en 1968), et va, sans chercher dans l'originalité, trouver sa grande motivation pour le restant du film... devinez ?

Bien entendu, le Cimmérien n'aura de cesse qu'il n'ait tué le roi oppresseur. Cette quête pourrait être une quête de justice, car le héros va tuer un tyran... Il n'en est rien. En effet, comme il le dit lui-même, Conan n'agit que dans son intérêt propre, par pure vengeance. On aurait pu attendre d'un héros qu'il ait la force d'être juste au lieu d'être obnubilé par son seul intérêt, mais cette attitude ne saurait être condamnée venant d'un primate...

De fait il s'agit ni plus ni moins d'un barbare cruel qui prend plaisir à torturer et à tuer. On peut particulièrement apprécier le sadisme de notre ami lorsqu'il torture un homme alors que cela ne s'avère même pas nécessaire, et lorsque, juste après, il le livre, sans arme, à une foule déchaînée !

Ce seul passage permet de révoquer toute ressemblance avec une épopée, genre auquel on
compare souvent l'heroic fantasy. En effet, l'épopée a pour héros un noble guerrier qui ne saurait tuer un ennemi désarmé, tout aussi ignoble qu'il puisse être, et encore moins le faire lyncher par une foule.

Le film joue, en plus de la violence, souvent gratuite, avec un certain côté machiste : notre héros, entre deux esclaves, s'aguiche d'une femme ( car, bien entendu, pas de film d'action sans belle héroïne), ne s'empêchera pas de passer la nuit avec elle, (ce qui permet au réalisateur d'inclure une scène ouvertement érotique dans le film), mais une seule nuit, car il va la « planter » à la fin du film (elle trouve d'ailleurs ça tout à fait normal, la donzelle, mais on attend qu'elle nous l'explique !). Alliée aux grognements bestiaux (« femme !&
nbsp;» beugle-t-il quant il lui parle comme Yvain dans
Kaamelott) lancés à tout bout de champ, cette attitude démontre à quel point monseigneur le barbare considère la gente féminine....

 

Qui dit film fantastique, dit, souvent, un méchant avec... une tête de méchant. Il est accompagné ici de sa fille, qui nourrit une passion plus qu'ambigüe pour lui et ferait frémir même Paco Rabanne, tant le goût de sa tenue est douteux. Cette dernière « entend » les objets qui émettent des bruits semblables à ceux des chiffres dans Predictions ou comme Harry Potter entend les horcruxes.

Un roi, donc, qui veut ressusciter une sorcière, afin... de gouverner le monde, (encore quelque chose d'original), se bat avec une épée, croisement entre celles de Cloud et de Kadaj dans Final Fantasy VII : Advent children (ceux qui n'ont pas vu ce film verront dans cet outil la seule originalité, probablement, de ce film...) et utilise, pour parvenir à ses fins, sa fille. Cette dernière ajoute une petite note glauque au film, et s'avère spécialiste dans l'invocation de guerriers-fusées en sable, quant à eux assez bien faits, il faut l'avouer.

Arrêtons-nous maintenant sur le caractère de notre personnage. Une chose est sûre, on aura vite fait le tour : les réalisateurs ont probablement passé plus de temps à s'occuper des effets sanguinolents qu'à dresser une personnalité complète, réaliste et cohérente ! De fait, le portrait de Conan est vite brossé : un guerrier brutal, violent, un peu animal et à qui son père aurait mieux fait d'apprendre à réfléchir avant de lui apprendre à tuer.

Un film, donc, à l'action brutale, aux répliques toutes faites, sans idée, qui reprend un peu tous les loci du film de brute (jusqu'au combat grotesque entre femmes !), avec un peu d'occultisme, et une scène érotique... Mais on lui accordera quelques bon points : des paysages bien réalisés (sauf celui
de la fin,
matte painting mal synchronisé avec l'allure du cheval), qui feront souvent penser au Seigneur des anneaux dans ses ruines et ses statues géantes au sol, des effets spéciaux bien réalisés (une centaine de cascadeurs pour le film), moins explosifs mais plus « fins » que chez Spielberg, des scènes de combat malgré tout extraordinaires... et c'est tout. Les dialogues et le scénario sont évidemment plus que basiques, la musique est sympathique, mais un peu toujours la même (on croirait qu'on passe à chaque scène d'action la musique, légèrement modifiée, de Gladiator, lorsque Proximo libère
les esclaves et que Maximus s'enfuit).

Au final, ce n'est pas une vie que mène Conan, en tout cas, personne n'en voudrait : solitude, mort, massacre, torture entrecoupés de moments où il se retrouve seul, tue, se trouve une fille, la plante plus vite qu'un lycéen, massacre et se retrouve encore seul...

Quel programme !

Rien à voir avec une épopée : on est bien dans du sword and sworcery.