Criminal - Un espion dans la tête

Film : Criminal - Un espion dans la tête (2016)

Réalisateur : Ariel Vromen

Acteurs : Kevin Costner (Jericho Stewart), Ryan Reynolds (Bill Pope), Gal Gadot (Jill Pope), Gary Oldman (Quaker Wells)

Durée : 01:54:00


À l’Écran, l’une des premières tâches du critique est d’isoler les thèmes abordés par le film. C’est une bonne manière d’aborder le travail de critique et de juger le métrage non seulement sur ses qualités techniques mais aussi sur la manière dont il a géré ses intentions ; de découvrir aussi les messages qu’il transmet. Avec Criminal, cette épreuve relève du pensum tant la coquille est vide. À la sortie de la salle de cinéma, un sondeur me demanda mon avis sur le film « en deux mots » ; abruti par la projection je lui répondais au pied de la lettre : « pompeux et bête ».

Le genre de l’espionnage est très codifié. Le cinéma américain est justement réputé pour son attache au « cinéma de genre » ; pour son mélange de conformité et d’originalité. Le premier quart d’heure surprendra d’ailleurs agréablement les amateurs du genre — dont je ne suis pas des plus fanatiques. Filatures, courses-poursuite, planques, argents, passeports, tortures et même un twist qui laisse présager un film novateur. Mais le scénariste peine à s’élever à la hauteur de son idée originale. Le scénario, apparemment écrit d’un trait, laisse entrevoir les états d’esprit de son auteur qui, voyant son inspiration s’éteindre, perd la fraicheur de son écriture à laquelle se substitue une succession de pompages – vainement déguisés en hommage par le réalisateur – sur les classiques du genre. En premier lieu Le Silence des agneaux et Heat. L’un pour l’abord psychologique des personnages, l’autre pour la tension entretenue par la concurrence des personnages. C’est laid, ridicule et emphatique.

Dans ce marasme, les acteurs peinent à trouver la matière de leur travail. On leur pardonnera, exception faite de Kevin Costner pour qui la critique voyait en Criminal une ultime planche de salut après une carrière plus qu’inégale. Il incarne parfaitement l’échec du film dans l’abord des thèmes pourtant magnifiques qu’il aurait pu traiter. Notre identité est-elle dans notre corps ou notre esprit ? Nos souvenirs – notre passé – nous définissent-ils dans toute notre singularité ? Ou encore : qu’est-ce qui, de l’émotion ou de l’intelligence, fait de nous des hommes ?

Nous récoltons pour seule réponse un personnage sensé dompter sa responsabilité d’homme viril et gardien mais qui ne varie en fait que de l’ours lobotomisé au patriarche cliché. Grognements et pseudo-aphorismes sur la protection du foyer… pauvre virilité…

La somme de ses échecs relègue Criminal à un cinéma de seconde main, où les aberrations scénaristiques et la médiocrité le disputent à la facilité.