De rouille et d'os

Film : De rouille et d'os (2012)

Réalisateur : Jacques Audiard

Acteurs : Marion Cotillard (Stéphanie), Matthias Schoenaerts (Ali), Armand Verdure (Sam), Céline Sallette (Louise)

Durée : 01:55:00


L'histoire banale racontée par Jacques Audiard, qui s'inpire du roman De rouille et d'os de Craig Davidson, entend racler le fond des cœurs pour en extirper l'humanité. Le scénario décrit la rencontre entre un homme et une femme blessés par la vie, thème déjà traité par Intouchables en 2011, ou La ligne droite en 2010 où chacun se répare au contact de l'autre.

Ce n'est donc probablement pas là-dessus que Jacques Audiard compte pour séduire le jury cannois, mais plutôt sur une tr& egrave;s bonne réalisation qui emprunte au cinéma américain sans pour autant renier ses origines bien françaises.

On retrouve en effet bien la marque de fabrique d'une caméra qui s'attarde (technique de soulignement efficacement remplacée aux États-Unis par le fondu au noir) sur les gestes, les expressions, les phrases qui résonnent dans le silence, mais on remarque aussi que le cinéaste prend garde de ne pas s’appesantir, et ponctue sa pellicule de scènes dynamiques et chargées en intensité (au point même de devenir une fois un tantinet « Rocky »).

Le jeu des deux acteurs principaux est remarquable mais comme trahi par de nombreuses scènes érotiques qui répètent ce qu'ils avaient déjà transmis. La solitude et ses poignards sont en effet un thème majeur du film, au-delà du handicap et de la précarité. C'est contre elle que les personnages luttent, par elle que survient l'intrigue, en elle que l'histoire se transforme. Solitude du zonard en galère, de la femme désorientée puis handicapée, Jacques Audiard veut montrer comment la franchise d'un homme brut de décoffrage est l'ingrédient ultime de la reconstruction, combien la sensibilité d'une femme est la réponse à l'endurcissement d'un guerrier.

Mais cela suffit-il à faire un bon film ?