De vrais mensonges

Film : De vrais mensonges (2010)

Réalisateur : Pierre Salvadori

Acteurs : Audrey Tautou (Emilie), Nathalie Baye (Maddy), Sami Bouajila (Jean), Stéphanie Lagarde (Sylvia)

Durée : 01:45:00


Une comédie plutôt dramatique, où le mensonge entraîne ses conséquences habituelles, pleines d'enseignement si on ampute le film de sa fin artificielle.

Entre la tragédie et le vaudeville,
De vrais mensonges met en scène une Audrey Tautou et une Nathalie Baye au mieux de leur forme. Malgré quelques longueurs assez rares, le scénario parvient à captiver le spectateur sans trop de difficulté à l'aide de rebondissements judicieusement parsemés au fil de la pellicule.

Sur le fond la question principale est celle du mensonge. Les gens admettent fréquemment que le mensonge se justifie parfois quand il s'agit d'aider autrui. Le film les rappelle délicatement à l'ordre. Car le mensonge monté par Émilie est pavé de bonnes intentions. Elle veut aider sa mère et la préserver. Mais une bonne vieille loi énonce qu'aucun mensonge n'est anodin. Tôt ou tard éventée, la malhonnêteté finit par porter des conséquences souvent bien plus lourdes que celles qu'elle voulait éviter. Certaines séries, comme Friends, en ont fait
leur fond de commerce. Personne n'étant suffisamment fort pour assumer les vérités désagréables, tout le monde ment à tout le monde pour éviter d'être blessant. Quand le pot aux roses est découvert, il finit toujours par exploser à la figure de tout le monde. Mais si, dans Friends, le mensonge est exploité pour servir de ressort comique, il est dans ce film beaucoup plus dramatique. La mère d'Émilie traverse une dépression assez sérieuse. « Je ne veux pas rencontrer quelqu'un d'autre, explique-t-elle à sa fille. Je veux juste... Être triste. »

En lui faisant miroiter l'existence d'un amant secret (méthode éminemment contestable), elle menace de la détruire complètement.

De plus, le mensonge n'est finalement pas dénoncé par le film, puisque si la mère souffre effectivement, elle finit par expliquer que l'attitude d'Émilie l'a mise en colère, que la colère est partie, et qu'il ne reste plus que la vie. Alors qu'on aurait pu croire que le film fustigerait le mensonge, force est de constater que ce dernier a au contraire été un électrochoc salutaire.

Émilie est quant à elle une fille dure, tranchante, qui va mûrir tout au long du film en voyant le mal qu'elle fait. Terriblement complexée, elle va malmener celui qui l'aime en secret, lui faire faire des choses déchirantes à force de menaces et de chantages, sans réaliser complètement à quel point elle est cruelle.

L'histoire se finit bien, même si l'histoire d'amour entre Jean et Émilie est parfaitement superficielle. Il s'agit bien plus d'affection ou d'attirance mutuelle que d'une conscience réelle de construire ensemble un projet commun.