Destination Finale 5

Film : Destination Finale 5 (2011)

Réalisateur : Steven Quale

Acteurs : Nicholas D'agosto (Sam Lawton), Emma Bell (Molly), Miles Fisher (Peter Friedkin), Ellen Wroe (Candice Hooper)

Durée : 01:53:00


Un film ultra-violent et bien réalisé pour personnes en manque de délectation morbide.

Qu'est-ce que la mort ? Voilà une question sur laquelle les philosophes de tous poils planchent, avec plus ou moins de succès, plongeant leurs mains dans l'éternelle angoisse de l'humanité : celle de sa propre fin. La mort est-elle un passage ? La grande faucheuse existe-t-elle ? Sous quelle forme ?

Le cinéma a souvent exploité le thème. On se souvient de l'excellent La mort prend des vacances, réalisé par Mitchell Leisen en 1934, ou du plus récent Rencontre avec Joe Black, réalisé par Martin Brest en 1998.

Ces deux œuvres ont un rapport avec la saga des Destination finale, dont notre film est le dernier opus : elles personnifient la mort. Mais elles le font plus finement.

Dans Destination finale 5, en effet, la mort a une personnalité, une volonté même, mais elle est invisible. Disons-le franchement : la mort est une garce. Il arriverait, parfois, que des cibles lui échappent et, revancharde, mettrait un point d'honneur à les massacrer. C'est le cas d'un groupe de collègues de travail, partis chercher de la cohésion dans un séminaire d'entreprise pour échapper finalement à un drame. Alors qu'ils devaient périr dans l'effondrement d'un pont, ils s
39;en sortent grâce à la vision de l'un d'eux, les malheureux ! Parce que
« la mort n'aime pas être bernée, » paraît-il. Dès lors ils vont devoir composer avec le fait que la mort tente de les rattraper (dans l'ordre chronologique où ils auraient du mourir, s'il vous plaît).

Atteint d'une crise de méditation aiguë Nicholas D'agosto, interprète du fameux visionnaire qui sauve tout le monde au début du film, se pose alors de grandes questions existentielles dans le dossier de presse : « ce qui me plaît dans cette saga, c’est qu’elle comporte une question ouverte pour le public : quelle est la créature ou l’entité qui déclenche une vision prémonitoire chez le protagoniste afin que celui-ci repousse les
assauts de la Mort le temps qu’il faut pour qu’elle revienne ensuite frapper les personnages ? Je trouve que c’est une question fascinante pour les fans, mais à laquelle je ne tenterai pas de répondre… même si j’ai quelques idées en la matière. »

Euh... Nico ? Ça n'existe pas ! Personne ne repousse la mort le temps qu'il faut ! C'est juste du cinéma !

Fidèle à l'esprit de ses grands frères, le film va donc se concentrer exclusivement à montrer des façon de mourir plus horribles les unes que les autres, et les moyens ne manquent pas ! Pas de réflexion à proprement parler sur la mort. Juste du gore style="font-style: normal">, du cradingue, du saignant...

Il est d'usage, dans nos contrées civilisées, de penser que la contemplation se fait sur de belles choses. Mais on oublie qu'avec l'apparition et le succès des films d'horreur des années 70, comme Massacre à tronçonneuse (de Tobe Hopper en 1974) ou Les dents de la mer (de Steven Spielberg en 1975), le cinéma charrie une autre forme de contemplation, qu'on appellera « fascination, » consistant à se délecter, pop corn en bouche, des souffrances d'autrui. Elle hurle, se prend une voiture sur la tête pendant que son copain se fait couper en deux et que son autre copain se fait traverser par des barres de fer, et scrontch scrontch, on passe aux M&M's.
L'adolescent se voit déjà dans la cour de récré en train de raconter l'abjection avec force détails, et le mâle joue les durs en sentant sa dulcinée s'incruster dans son bras.

Silence on jouit ! On ne réfléchit pas : on assiste passivement à une série de scènes qui viendront plus tard hanter l'imagination. Mais rassurez-vous ! C'est pour de faux ! Les acteurs ne souffrent pas vraiment ! Oui mais si c'était vrai, houlala ! Comme ça ferait mal !

Heureusement que le scénario est d'un richesse abyssale! «  Comme les fans, explique &
Eacute;ric Heisserer, le scénariste,
je voulais qu’il y ait des scènes d’horreur terrifiantes, mais j’ai aussi cherché à enrichir la mythologie de Destination finale en plaçant les personnages face à un dilemme moral qui les oblige à s’interroger sur ce qui compte le plus à leurs yeux. » Les personnes qui ont échappé à la mort peuvent donc lui filer de nouveau entre les doigts en tuant une autre personne, ce qui leur fait récupérer leur durée de vie. Mais ce n'est pas tout !

Ha bah si, c'est tout...

Bon... d'accord. Même le scénario est pourri...

style="font-style: normal">Pourtant Steven Quale en est fier ! « Dans les épisodes précédents, on savait d’emblée que les personnages allaient tous mourir, et la seule question qui se posait était de savoir quand et comment – et c’est d’ailleurs ce qui tenait le spectateur en haleine. Mais dans ce nouvel opus, le suspense est plus intense encore : une poignée de personnages a peut-être trouvé le moyen d’échapper à la mort. » Trop fort Steven !

Alors quel est l'intérêt ? Le divertissement pardi ! Certains jouent au monopoly, construisent des cabanes, jouent au tennis, comme tous les arriérés à la vie saine qui ne savent
pas profiter pleinement de ce délicieux spectacle de hurlements, de craquement d'os, de roulements d'yeux exorbités... en 3D ! C'est tellement plus savoureux !

Voilà donc un film dont le spectateur ressort meilleur, doté d'une plus grande empathie à l'égard de son prochain, d'une intelligence nourrie, d'un sens esthétique plus affûté.

Tiens je vais aller me regarder un snuff movie moi, histoire de me repaître un peu plus encore de dignité humaine !