Diplomatie

Film : Diplomatie (2013)

Réalisateur : Volker Schlöndorff

Acteurs : André Dussollier (Raoul Nordling), Niels Arestrup (Général Dietrich Von Choltitz), Burghart Klaussner (Le capitaine Werner Eber), Robert Stadlober (Lieutenant Bressensdorf)

Durée : 01:24:00


Diplomatie vient honorer la mémoire du général allemand Dietrich Von Choltitz (Niels Arestrup), l’homme qui résista à l’ordre d’Hitler de faire sauter Paris lors de la débâcle allemande à la fin de la guerre.

Raoul Nordling (André Dussolier), diplomate suédois, essaie de lui faire entendre raison alors que l’officier compte bien suivre les directives du Führer. Alors que la solution semble évidente, elle se dessine sous des aspects philosophiques complexes : le fameux dilemme entre devoir et morale.
Jusqu’où va l’obéissance ? L’homme qui obéit est-il libre, c’est-à-dire en capacité de refuser un ordre immoral ? La discipline militaire et la loyauté due après avoir prêté serment s’opposent à cette ville, dont Hitler voulait lui-même s’inspirer pour un Berlin impérial et titanesque ; sans compter les morts éventuels dans les rues…
Le sens des priorités est questionné, dans un travail de jugement et de conscience opéré par les deux hommes, chacun selon leur situation, le général pour lui-même, le diplomate par empathie.

Les interrogations naissent de cette opposition morale, à travers des dialogues fins et de qualité.
On a également droit, pour mettre cette confrontation verbale en relief, à deux très brillantes prestations, en particulier celle de Niels Arestrup, qui, il faut dire, a un personnage plus intéressant à jouer.

En revanche, si le film s’illustre par ces qualités, il en laissera pas mal sur leur faim.

Diplomatie est en effet très frileux, manque cruellement d’audace (de moyens ?), en se contentant d’ajouter deux trois scénettes à la pièce de théâtre dont il est l’adaptation. Pour faire croire aux combats dans les rues de Paris, un peu de fumée, et des bruits de tirs par-ci par-là… Le minimum syndical pour se sentir dans une ville en guerre n’est même pas atteint, alors que cette atmosphère aurait ajouté une précieuse tension au dialogue des deux hommes.

On sent à plein nez le Paris d’aujourd’hui filmé à cinq heures du matin au mois de juillet dernier. Quel dommage, alors que les deux protagonistes parvenaient quasiment à faire sentir la gravité du conflit rien que dans une pièce ! Images d’archives pour les quelques combats, autre aveu d’impuissance… Et caméra sans aucune originalité. Une réalisation pas à la hauteur des acteurs, mais surtout de l’événement historique.

Le choix du huis clos fait d’un choc historique à la valeur symbolique très forte un simple débat rhétorique.
Ce manque d’audace est d’autant plus regrettable que les quelques ajouts sont assez bien vus. On parle beaucoup d’autres lieux, d’autres personnages, des jours qui suivront ; et tout ce que réclamait l’imagination, c’était de les voir ; vous n’en verrez rien.

Le principe de l’adaptation est de faire briller une œuvre avec les mécanismes d’un autre art que celui d’origine. Or ici, ce sont les mécanismes du théâtre, littéraires, qui brillent, donc ceux d’origine, et pas ceux du cinéma… Le film n’apporte donc pas grand-chose.
Dialogues et acteurs brillants, à vous de voir si cela vous suffit, face à l’absence de la moindre originalité, et de grandeur : pas un gramme d’épique pour l’histoire de la survie de la Ville Lumière, c’est franchement regrettable. En un mot, le film est un bon moment, un excellent duel, mais aurait pu être bien meilleur, avec un tel sujet.