Ce devait être une comédie ! La morosité de notre temps frappe notre cinéma au cœur. A peine quelque sourires esquissés, enfouis sous l’écœurement dû à cette trame politiquement correcte, au moment où le gouvernement en avait bien besoin pour parvenir à normaliser l'homosexualité.

Politiquement correct, donc, à l'instar de cette vision de l'art définie comme la capacité à dépasser les frontières de sa peur, confondue pour la circonstance avec l'inhibition.

L'inhibition n'est pas un carcan. Elle est un garde-fou. Elle est la soupape qui empêche notre moteur de claquer, le circuit de refroidissement qui temporise le nucléaire de nos âmes folles. Elle peut être excessive et doit être parfois redressée, mais la faire voler en éclat ne saurait devenir un principe sans gifler la dignité humaine.

Deux hétéros qui se retrouvent dans une chambre d'hôtel pour se sodomiser, deux acteurs talentueux qui se vautrent dans les galoches pour amuser les graveleux. Et, comble de l'horreur, la jolie Laetitia Casta vient participer à ce massacre pour se salir dans des scènes complaisamment voyeuses. Comment le digne modèle qui inspira le buste de Marianne en est-il arrivé à exhiber ses fesses molles devant la caméra ? Comment un si joli visage peut-il se compromettre en racontant la basse animalité d'un adultère parfaitement assumé ? Comment une si jolie gorge peut-elle renoncer par ses gémissements à cette pudeur qui rend les femmes si belles ?

En montrant sa chute de rein dans Le Mépris, Brigitte Bardot avait su au moins conserver un semblant de classe, dont les atours étaient protégés par les couleurs chatoyantes de la caméra de Godard.

Ici tout est froid. On était au rez-de-chaussée, on est au sous-sol.

Seule consolation : la salle était vide...