Don Jon

Film : Don Jon (2013)

Réalisateur : Joseph Gordon-Levitt

Acteurs : Joseph Gordon-Levitt (Jon "Don Jon" Martello, Jr.), Scarlett Johansson (Barbara Sugarman), Julianne Moore (Esther), Tony Danza (Jon Martello, Sr.)

Durée : 01:30:00


Il y a certainement deux niveaux de lecture à ce type de film au premier abord totalement affligeant.

Le premier, donc, est colossalement stupide. On y voit la petite vie minable d'un jeune d'aujourd'hui aux prises avec les problèmes minables d'un jeune d'aujourd'hui. Jon – appelons-le « super kéké » – est donc célibataire et n'a dans sa vie, comme la bande-annonce se plaît à le montrer, que ses femmes, son église, sa famille et son porno. Toutes les semaines il couche avec de nouvelles filles comme un super lover. Victime de la lobotimisation ambiante contre laquelle nous devons tous résister, il croit que la quantité vaut la qualité et ne sait même pas, ce crétin, la donnée de base de tout vrai homme : pour donner du plaisir à une femme, il faut la connaître sur le bout des doigts, ce qui exclut les relations d'une nuit.

A côté de ça il se confesse toutes les semaines devant un prêtre blasé qui sert de machine à laver automatique, avant de recommencer sans aucun scrupule à coucher.

Sa famille est un cauchemar ambulant. Le père, jureur de première classe, passe sa vie devant la télévision, la sœur est plongée dans son téléphone et la mère en souffrance.

Malgré tout, le problème principal que le film veut montrer (qu'est-ce qu'il montre, le film !) c'est le porno. Celui-ci (exhibé avec force complaisance) prend une très grande place dans sa vie et a une saveur qu'aucune vraie femme ne saurait apparemment égaler (il compare régulièrement les filles de son ordinateur aux filles de son lit).

C'est peut-être un deuxième niveau de lecture qui pourrait rendre la chose un peu moins inintéressante. Le film met le doigt sur des choses qui sont totalement refoulées par notre société, surtout française : la dépendance, l'habitude et le vice engendrés par la pornographie, l'incapacité des hommes à aimer, la difficulté des femmes à comprendre...

Notez que mes confrères du Nouvel Obs n'ont, quant à eux, rien compris au film (ils pensent que c'est un film qui déculpabilise de regarder du porno alors qu'on est en couple). Le cinéma français devient donc trop fin pour les critiques français : gros bidonnage.

Par ailleurs, pour atteindre le message, il faut emprunter le chemin boueux des images salissantes, des sous-entendus graveleux, des mouchoirs chargés, des femmes dans tous leurs états. Le message général est donc victime de sa forme gluante, et la solution donnée est trop basique : l'amour, supposant la réciprocité, est stérile quand il est captatif. C'est cool, mais il suffisait de le dire. Pas besoin d'être crado !