Nous n’avions pas tous attendu le retour du Hollandais violent avec autant de hâte, et la sélection cannoise de son dernier film n’avait fait qu’exacerber l’excitation des uns et le dédain des autres… Je ne suis pas le plus grand fan de Verhoeven, mais quand on fait un boulot, on obéit ; même lorsqu’il s’agit d’aller se souiller pupilles et tympans. Ainsi, le sulfureux réalisateur de Basic Instinct retrouve le genre si particulier du thriller sexuel (oui, vous avez bien lu). L’idée est originale et, je dois dire, très cinématographique. En faisant appel aux instincts inavoués de chacun, le réalisateur instigue une tension peu soutenable que les amateurs de thrillers aiment tant ressentir. Pourquoi pas…
Mais le bât blesse quand le même homme se fend d’un message anthropologique. Le réalisateur s’autorise le « malsain » pour observer des comportements limites. Que se passe-t-il dans la tête d’une femme qui, à peine violée, reprend sa vie dans l’instant, sans aucune manifestation de choc. On ne le saura jamais. On apprendra en revanche que le monde se divise en deux catégories : les méchants, que l’on nommera « connards », et les gentils qui sont, selon la formule du personnage de Virginie Efira — alias madame gentille bien-pensante chargée de l’amour dans le quartier —, des « hommes bons à l’âme torturée ».
Qui aurait cru qu’un thriller, qui puise sa puissance dans la complexité des choix moraux, et dans l’effacement des frontières manichéistes, aurait pu devenir aussi disneyen ?
Aucune place pour la dignité de l’homme dans Elle. Tout est fixé d’avance et l’on aura écrit des gentils bien sales ; pour le plaisir d’aimer ce qu’il faudrait haïr. La dérision-reine est le moyen du déconstructiviste, la souillure est son point final, son orgasme sadique. Alors on nous montrera une femme qui se masturbe en épiant son voisin qui installe une crèche ; une famille décomposée qui se retrouve à table, pour un repas de Noël sans âme ni raison et qui finit en torrent de piques cruelles aux effluves de mépris. On nous montrera l’hyperbole de ce que bien trop de gens considèrent comme la triste fatalité de la vie ; on nous montrera tout, fors l’amour, dans une accumulation bestiale. Ce film est un viol constant : une parodie de beauté qui n’a rien à offrir.
Nous n’avions pas tous attendu le retour du Hollandais violent avec autant de hâte, et la sélection cannoise de son dernier film n’avait fait qu’exacerber l’excitation des uns et le dédain des autres… Je ne suis pas le plus grand fan de Verhoeven, mais quand on fait un boulot, on obéit ; même lorsqu’il s’agit d’aller se souiller pupilles et tympans. Ainsi, le sulfureux réalisateur de Basic Instinct retrouve le genre si particulier du thriller sexuel (oui, vous avez bien lu). L’idée est originale et, je dois dire, très cinématographique. En faisant appel aux instincts inavoués de chacun, le réalisateur instigue une tension peu soutenable que les amateurs de thrillers aiment tant ressentir. Pourquoi pas…
Mais le bât blesse quand le même homme se fend d’un message anthropologique. Le réalisateur s’autorise le « malsain » pour observer des comportements limites. Que se passe-t-il dans la tête d’une femme qui, à peine violée, reprend sa vie dans l’instant, sans aucune manifestation de choc. On ne le saura jamais. On apprendra en revanche que le monde se divise en deux catégories : les méchants, que l’on nommera « connards », et les gentils qui sont, selon la formule du personnage de Virginie Efira — alias madame gentille bien-pensante chargée de l’amour dans le quartier —, des « hommes bons à l’âme torturée ».
Qui aurait cru qu’un thriller, qui puise sa puissance dans la complexité des choix moraux, et dans l’effacement des frontières manichéistes, aurait pu devenir aussi disneyen ?
Aucune place pour la dignité de l’homme dans Elle. Tout est fixé d’avance et l’on aura écrit des gentils bien sales ; pour le plaisir d’aimer ce qu’il faudrait haïr. La dérision-reine est le moyen du déconstructiviste, la souillure est son point final, son orgasme sadique. Alors on nous montrera une femme qui se masturbe en épiant son voisin qui installe une crèche ; une famille décomposée qui se retrouve à table, pour un repas de Noël sans âme ni raison et qui finit en torrent de piques cruelles aux effluves de mépris. On nous montrera l’hyperbole de ce que bien trop de gens considèrent comme la triste fatalité de la vie ; on nous montrera tout, fors l’amour, dans une accumulation bestiale. Ce film est un viol constant : une parodie de beauté qui n’a rien à offrir.