En Solitaire

Film : En Solitaire (2013)

Réalisateur : Christophe Offenstein

Acteurs : François Cluzet (Yann Kermadec), Samy Seghir (Mano Ixa), Virginie Efira (Marie Dervil), Guillaume Canet (Franck Drevil)

Durée : 01:36:00


Partir en mer, seul, sans aide, faire le tour du monde, sur une coquille de noix … Le pari fou des aventuriers du Vendée Globe est relevé par Yann Kermadec (François Cluzet), remplaçant du grand skipper Franck Drevil (Guillaume Canet), blessé et donc forfait. Mais voilà qu’un gamin embarque clandestinement, alors que notre héros s’était arrêté près des Canaries à cause d’un imprévu. Sacré imprévu en effet ! Yann, fou de rage, ne sait que faire de ce gosse, qui le gêne et peut l’exclure de la course.

Une relation se noue sur terre, entre la compagne du navigateur et la fille de celui-ci. A la décharge du film, on n’y croit pas une seconde. L’évolution de ce rapport est bâclée, brusque, inattendue, et peu crédible.

Sur mer, le vieux briscard doit choisir entre sa route des mers ou la compassion. Le gamin, vulnérable, peut bien se retrouver n’importe où sur la planète, peut-être même parmi les poissons. La prise de risque est parallèle pour Yann : quelles que soient ses décisions, dans de telles conditions, avec un tel problème, il devra faire des sacrifices. Ses choix mènent notre gaillard à un effondrement, au moins temporaire, de son égoïsme ordinaire. Il part seul, en solitaire, et comprend peu à peu que c’est avec les autres qu’on atteint son bonheur ou ses rêves. Pardon pour le spoiler, mais la bande-annonce suffit à le comprendre …

Il y avait la place pour un excellent film : la conversion par le rapport avec une personne singulière est un thème magnifique, qui a donné plus d’un chef-d’œuvre (Le Temps d’un Week-end, Rain Man …). Malheureusement, les relations humaines demeurent très superficielles. On vous sert de la voile, et c’est un vrai plaisir (on se sent parfois dans le bateau, dépaysement garanti), mais quand il s’agit de faire de la psychologie, là, vraie copie de cancre. Personnages secondaires inutiles (alors que l’intrigue veut que le héros comprenne leur importance !), intrigues d’arrière-plan en toc (le piano à frissons n’arrive même pas à faire son petit effet), et rebondissements trop souvent prévisibles : tout ce qui est en-dehors de Cluzet et de la mer est raté.

En revanche, le film est justement sauvé par ces deux-là : le marin et l’océan nous emmènent ailleurs, un personnage approfondi dans un décor vivant, menaçant et magnifique, grâce à qui l’émotion parvient à monter de justesse. Une histoire originale dans une mise en scène qui a tout fait pour la rendre banale. L’impression de voguer, et la rencontre que l’on fait avec ce loup de mer rattrapent de peu les maladresses du reste.