Fahrenheit 451

Film : Fahrenheit 451 (1966)

Réalisateur : François Truffaut

Acteurs : Oskar Werner (Guy Montag), Julie Christie (Linda/Clarisse), Cyril Cusack (le capitaine), Anton Diffring (Fabian)

Durée : 01:52:00


Il s’agit de l’adaptation la plus connue d’un roman de Ray Bradbury, en l’occurrence le roman dystopique homonyme paru en 1953. Le film est réalisé par François Truffaut, cinéaste bien connu de la Nouvelle Vague et auteur notamment des 400 coups et du Dernier métro (il se permet d’ailleurs une auto-référence puisque l’un des livres brûlés dans le film est un exemplaire des cahiers du cinéma auquel collaborait Truffaut).

Il décrit un futur totalitaire où la lecture et le savoir sont bannis au profit du divertissement et du matérialisme le plus débridé et la révolte d’un homme Guy Montag contre ce système qu’il a longtemps servi comme membre d’une brigade chargée d’arrêter les lecteurs récalcitrants et de brûler les livres.

Le titre fait référence à la température en degré Farenheit à laquelle le papier se brûle et se consume. La lecture est ainsi perçue directement comme une forme de résistance active contre un système oppressif. Dans le roman, Bradbury attribuait cette situation essentiellement au triomphe de la culture de masse et à l’absence de mobilisation des intellectuels. Le film insiste moins sur ces aspects, même s’il souligne l’absence de résistance ouverte au sein de ce système. Ce sera pourtant l’un de ses agents, Montag, qui donnera le signal de la révolte en sauvant des livres, puis, alors qu’il est découvert, en tuant son supérieur hiérarchique et en prenant la fuite pour rejoindre une communauté qui préserve la mémoire littéraire en récitant le contenu d’un ouvrage.

Toute révolte directe au sein de ce régime est donc vouée à l’échec mais la résistance est possible par des actes de récupérations et la constitution de communautés alternatives. L’entretien d’un bonheur authentique basé sur les bienfaits de la nature et non artificiel sur la consommation excessive et la course à la mode est également avancé comme solution. Le salut de la société et la résistance passent donc plutôt par des initiatives individuelles et des actes de rupture forte plutôt que par des débats intérieurs ou des révoltes vouées à l’échec.

Une vision du monde plutôt pertinente et toujours d’actualité malgré quelques éléments peu plausibles et à la limite de la naïveté (il est ainsi difficilement concevable aujourd’hui de voir un gouvernement décider un autodafé de livres en place publique, même si le passage fort probable au numérique risque de tuer le livre papier aussi sûrement). Mais globalement, la probabilité d’une société totalitaire qui aura renié son savoir et sa culture au profit d’un divertissement de masse infantilisant est plus que probable : il est tout à fait d’actualité.