On a failli être amies

Film : On a failli être amies (2013)

Réalisateur : Anne Le Ny

Acteurs : Karin Viard (Marithé), Emmanuelle Devos (Carole Drissi), Roschdy Zem (Sam Drissi), Anne Le Ny (Nathalie)

Durée : 01:31:00


Karin Viard, qui débuta avec Étienne Chatilliez dans Tatie Danielle, a fait du chemin. Sans revenir sur son parcours, on peut saluer l'excellente prestation qu'elle fit dans Polisse, sous les traits d'une policière affectée à la brigade des mineurs. Face à elle, une Emmanuelle Devos en très grande forme. Issue du grand cinéma français (Audiard, Jeanne Moreau) et propulsée par Francis Huster, l'excellent homme des fous-rire du Dîner de con, elle montre encore une fois qu'elle est une très grande actrice.

Le film est bien mené. Si la construction filmique n'est pas vraiment originale (elle suit le déroulé classique : mise en contexte, bonheur en construction, bouleversement et dénouement heureux), Roschdy Zem remplit convenablement son rôle de potiche et les deux femmes conduisent la performance de main de maître. Le fond étant assez dramatique, il fallait au moins leur talent pour réussir à en faire une comédie efficace.

La comédie porte sur plusieurs thèmes : la réalisation de soi d'abord (au travers de cette femme inaboutie qui cherche sa voie professionnelle), l'amitié ensuite (ou comment tout foirer en suivant ses passions comme un petit phacochère !) mais également, moins joyeusement, l'adultère.

La comédie sentimentale étant construite sur celui-ci (qui parasite le deuxième volet du film : l'amitié), la structure rhétorique est là encore classique et agaçante. Puisque l'objectif est de montrer une histoire d'amour entre une femme et un homme marié, et que les deux sont censés être sympathiques (leur rapport se construit autour de la gastronomie, chouette sujet !), il faut décomplexer le spectateur, sous peine de tuer la comédie. La recette habituelle ? Faire que le couple batte de l'aile avant la rencontre, d'une part, et justifier l'adultère de monsieur par celui de madame. A ce moment précis, ouf : le spectateur peut se détendre, tout est normal, la compassion est désamorcée, les rois de la galoche peuvent entrer en action !

Sauf que tout ça peine à cacher une réalité douloureuse : celle d'un couple qui avait tout pour être heureux mais rate le coche parce qu'il n'a pas pris la peine de se rassembler, de communiquer et de réagir en conséquence. Dans la réalité le résultat ne peut être que bancal, malgré ce qu'on tente de nous faire croire. L'épouse est éconduite et seule (on se garde bien de nous montrer qu'elle est malheureuse et on tente même de nous faire croire que la disparition d'un eczéma suffit à construire un bonheur), et rien ne garantit la stabilité du nouveau couple. Le film s'arrête donc là de peur, peut-être, de dévoiler une triste fin...