Fatal

Film : Fatal (2009)

Réalisateur : Michaël Youn

Acteurs : Michaël Youn (Fatal), Stéphane Rousseau (Chris Prolls), Isabelle Funaro (Athena Novotel), Armelle (Heidi)

Durée : 01:35:00


une plongée intentionnelle de Michaël Youn dans les tréfonds de l'abject. Avec Fatal, c'est toute la licence, la méchanceté et la bêtise de l'humanité, et particulièrement de la Jet-Set, qui explose au visage du spectateur. L'objectif du film est de montrer le visage défiguré du monde musical, dopé par les intérêts personnels et le désir de flatter les plus bas instincts du public. Si les deux pistes de réussite sociale sont le scandale et le talent (les deux faces antinomiques de l'homme lui-même), il est incontestable que Michaël Youn a fracturé la porte du succès par la première, avant de se risquer sur la deuxième. De fait, la justesse de la représentation est aussi tranchante qu'un rasoir. Sodome et Gomorre s'extirpe des entrailles de l'histoire avec une exactitude qui reflète à n'en pas douter l'expérience du peintre lui-même. N'allons pas croire que c'est chose si facile, quel que soit son degré de dépravation, et concédons que de ce point de vue-là, le reflet des flammes infernales du show-business parvient à brûler jusqu'aux yeux du spectateur lui-même. Ainsi en va-t-il du machisme écoeurant qui ne voit dans la femme qu'une chair à plaisir, tandis que celle-ci accepte de bon coeur son sordide destin contre une ascension sociale qui l'enfonce plutôt. Mais alors que tant de cinéastes ou de littérateurs ont relevé ce défi extrêmement périlleux de dénoncer les licences de leur temps sans en vanter les appâts, Michaël Youn est rattrapé par ce qui fut son tremplin et qui l'avale tout entier maintenant : le scandale... La lucidité cède la place à l'indécence, à l'impudeur extrême, à l'outrance du propos et de la représentation. Le vulgaire dissipe le talent, et c'est le coeur serré qu'on voit un jeune public conduit par ses bergers aux images qui salissent : une statue de femme sur le clitoris de laquelle il faut appuyer afin d'en faire jaillir la boisson, un mime de fellation fort démonstratif, une complaisance assumée devant un film pornographique, des scènes de nudité et de sexe en nombre aveuglant, que les bambins hilares pourront se remémorer en cours de récréation ou ailleurs. A la question : « vaut-il mieux pointer du doigt la corruption ou bien montrer l'exemple ? », la réponse pourrait bien venir d'une petite fille de sept ans que je vis sortir de la salle de cinéma en chantant langoureusement ce qu'elle entendit quelques minutes plus tôt : « c'est la fête dans mon string... c'est la fête dans mon string ! » Raphaël Jodeau