Fiston

Film : Fiston (2013)

Réalisateur : Pascal Bourdiaux

Acteurs : Kev Adams (Alex), Franck Dubosc (Antoine), Nora Arnezeder (Sandra), Valérie Benguigui (Sophie)

Durée : 01:28:00


Quel est le rôle de la comédie ? Rabelais attribuait au rire des vertus quasi médicales que les magazines psycho-philosophico-femino-modernes confirment. Rire est bon pour le moral mais aussi pour la santé. C'est aussi un bienfait social. En France c'est presque vital.

Fiston est une comédie à thème qui s'attaque à la question de la séduction (très original...) et de l'idéalisme amoureux (légèrement plus original !). En sous-thème on retrouve le dépassement de soi et la déception amoureuse.

Sans beaucoup de surprise, le film nous montre que l'art de la séduction est un ensemble de techniques visant à provoquer le sentiment amoureux chez une personne à notre égard. Cette idée n'est certes pas nouvelle. Ovide appelait ça plus élégamment "l'art d'aimer". La séduction est en fait un art purement matérialiste puisqu'il consiste en une manière de posséder, voire de consommer. On se présente sous son meilleur jour, on utilise des stratagèmes pour se rendre aimable, on abuse en définitive de la naïveté ou de la fragilité d'une personne à son avantage.

Que dire d'une relation qui commence dans le mensonge ? Antoine, l'homme mûr expert en séduction, conseille à son apprenti de faire croire qu'il est un passionné de voitures anciennes pour attirer l'attention de sa cible, ce qui fonctionne manifestement très bien. Mais cette partie est encore "bon enfant". Comme tout art, il convient de s'entrainer, ce qui devient assez gênant. L'initiation du jeune étudiant consiste à approcher des filles au hasard, quitte à leur briser le coeur après, et à bénéficier des "enseignements" de Gigi, une vieille prostituée (Ils ont pitié de nous, on ne voit rien...). Si cet entrainement est l'occasion de quelques scènes burlesques amusantes, l'image qu'il renvoit de l'homme est assez pathétique.

Mais on ne badine pas avec l'amour ! Les scénaristes ont tout de même une conscience et ont injecté un peu de noblesse dans leur personnage. La séduction pour la possession est un égoïsme primaire, c'est réduire l'amour ou l'amitié à son plus bas niveau, c'est percevoir l'autre comme un bien utile ou agréable. Notre jeune romantique se rend compte qu'il aimait une idée, un idéal, une chimère. Or, concept philosophique de base, pour aimer il faut connaitre, il faut voir l'autre tel qu'il est et non pas tel qu'on aimerait qu'il soit. C'est pourquoi on apprécie la réaction honnête de l'apprenti chasseur qui renonce à se faire plaisir alors même que sa cible avait succombé à ses attaques. Pas si mal pour un film français.

Néanmoins, comme nous le relevons de manière régulière, l'histoire ne donne qu'une vision sentimentale de l'amour, dans le sens où seul le sentiment serait le fondement de l'amour. Comme ce film s'adresse à un public plutôt jeune, rappelons que les sentiments ne se contrôlent pas, du moins dans leur naissance. Fonder son action sur un sentiment est le contraire de la liberté. Or un amour qui ne serait pas libre ne serait tout simplement pas un amour. De par son titre, Fiston, le film contient en lui l'idée de transmission, d'éducation. On pouvait légitimement s'attendre, même (surtout ?) dans une comédie, à davantage de profondeur. Ce qu'Alex avait surtout besoin de savoir, c'est que malgré les sentiments qu'il peut éprouver, son amour devra être une élection (amour de prédilection), c'est à dire une mise en branle de sa volonté vers le bien que son intelligence aura déterminé au regard des circonstances et des vertus de la personne. Bien sûr, dit comme ça, ça ne vend pas du rêve et ce n’est pas très drôle... mais un spectacle peut dire les mêmes choses tout en divertissant.

De ce côté, il faut reconnaitre que le rythme du film est agréable et l'humour bien dosé. Franck Dubosc incarne une nouvelle fois un personnage à la fois drôle et touchant, peut-être un peu plus grave qu'à l'accoutumée. Nous avons ri, parfois de bon coeur, mais le rire est éminemment subjectif. Le comique de situation est à l'honneur mais les dialogues sont également soignés. Bref, une petite comédie sans prétention avec un message un peu bancal et un humour qui pourrait faire mouche.