Fright Night

Film : Fright Night (2011)

Réalisateur : Craig Gillespie

Acteurs : Anton Yelchin (Charley Brewster), Colin Farrell (Jerry Dandrige), Toni Collette (Jane Brewster), David Tennant (Peter Vincent)

Durée : 02:00:00


Un film grotesque entre le suspens et l'horreur, visant le monde de l'adolescence et révisant à son goût la mythologie vampirique.

D'accord. Habituellement il n'est pas vraiment indispensable d'avoir une très grande intelligence pour regarder des films d'horreur. Oui c'est vrai : l'unique intérêt se résume souvent à sursauter toutes les deux secondes et à rester en état de tension presque deux heures.

Mais il ne faudrait quand même pas prendre le public pour plus bête qu'il ne l'est déjà !

C'est pourtant ce que fait Fright Night, porté à bout de bras par un Colin Farrell à bout de souffle. Le réalisateur Craig Gillespie, dont les deux uniques films remontent à 2008 (Une fiancée pas comme les autres et Monsieur Woodcock), n'est visiblement pas un génie et prend les adolescents pour des crétins alors qu'ils sont, c'est bien connu, doués d'
une rare maturité intellectuelle.

Car DreamWorks prend en effet comme cible de marché le moins jeune public comme l'avait déjà fait Universal avec L'assistant du vampire (réalisé par Paul Weitz en 2009), mais sur une octave plus sanglante. Vampire increvable, effets spéciaux approximatifs, bimbos aux mensurations fort avantageuses, le film aurait pu être réalisé par Mel Brooks, le grand clown d'Hollywood. Il aurait alors été une comédie, pas très réussie certes (la 3D est particulièrement mal exploitée), mais aux prétentions mesurées, au moins. Allons, restons honnête toutefois et informons notre aimable lecteur que l'humour est un des objectifs du film : « ce que j’ai adoré dans le scénario, c’est qu’il mêlait des
moments vraiment terrifiants à d’autres très émouvants. Ce n’est pas qu’un pur film de genre. Marti a réussi à marier le thriller avec l’humour et l’horreur. »
(Craig Gillespie, in Dossier de presse).

Quoiqu'il en soit, la cible marketing est caressée dès le début : un lycée, un quartier où tout le monde se connaît, un garçon intéressé par la plus belle fille du bahut et qui ne veut pas être grillé avec le geek de l'école, le portrait est si caricatural, ajouté au grotesque des situations « horribles, » qu'on se demande s'il est payant de prendre les gens pour des imbéciles. J'étais perplexe, me voilà détrompé par ma jeune voisine de fauteuil analysant le film avec une rare finesse : « ho le bâtard !
Comment i' m'a fait flipper ! »

Le bâtard en question, donc, est en fait le remake du Fright Night de 1985, réalisé par Tom Holland. Son ambition est de remettre au goût du jour et, on l'aura compris, des pré-ados une idée originale à l'époque : la découverte progressive que le nouveau voisin est un vampire. On semble ne rien pouvoir contre lui, et même la police est sous le charme. Comme dans un cauchemar, le jeune Charlie est donc livré à lui-même, comme le nargue ce sacré coquin de vampire, qui lui rappelle qu'il a en charge la protection de sa mère et de sa petite amie, puisque son père est parti.

On retrouve alors tous les poncifs du film de vampire : les crucifix (dont on ne comprend pas trop le fonctionnement. Il
faudrait, pour faire « marcher » le crucifix, avoir la foi. Bah vi ! Ce serait trop facile !), les pieux dans le cœur, la crainte de la lumière... On y retrouve ensuite des petites originalités comme le fait, par exemple, qu'un vampire ne puisse s'introduire que dans les lieux privés où il a été invité à entrer par le propriétaire. Quoique un peu originale, on notera que Bram Stocker en parlait déjà dans son Dracula, en 1897.

Comme les pieux bénis par Saint Michel (gnarf gnarf gnarf !) sont particulièrement efficaces, on peut dire que ce film s'inscrit directement dans le courant manichéen des histoires de vampire (pour plus de détails, cf. notre fiche Les films de vampires). Sans le savoir, Colin Farrell l'explique : « La sc&
eacute;nariste Marti Noxon a conçu le personnage avec beaucoup d’originalité. Elle voulait que Jerry soit un vampire bien plus malveillant, violent et cruel que les vampires qu’on voit au cinéma depuis quelques années. »

Bref un film de vampire, quoi : mal fait, qui fait un peu peur, très sanglant...

Sinon on peut aussi aller faire une visite au Louvre.