Ça faisait un petit moment que nous n'avions pas eu de film d'anticipation. Dans celui-ci, pessimiste comme il se doit, tout ce qui différencie a été supprimé au profit de l'uniformité.
On ne comprend pas bien, dans le film en tout cas (il faudrait lire le roman pour en avoir le coeur net), pourquoi quelques uns sont dépositaires de la « mémoire, » terme générique recouvrant toutes les connaissances et les émotions du monde ancien. Toujours est-il que notre brave Jonas hérite de ce lourd fardeau. On se heurte ici à l'insuffisance la plus criante du film. Si, pour Jonas, les saveurs du passé sont nouvelles, elles sont pour le spectateur on ne peut plus communes. Il faut donc faire un effort d’imagination pour s'identifier, même si le réalisateur tente bien que mal de sublimer les découvertes de l'adolescent : la guerre, un éléphant, un éléphant tué, un moment de luge, un chant de Noël, une partition de piano…
Deuxième difficulté : le film fait tellement la promotion de l'originalité qu'il en oublie que l'uniformité est aussi une nécessité de la vie. Faire porter un uniforme à tout un peuple est sans doute excessif, mais rejeter tout uniforme l'est aussi. L'autorité, magistralement incarnée par Meryl Streep, fait du bien commun un absolu qui nie les individualités certes, mais sans bien commun, il n'y a pas de société. À en croire le film, il faudrait plutôt construire un monde autour des sentiments et des passions.
C'est une nouvelle question mal traitée. Les sentiments, je le maintiens et suis prêt à en débattre, n'ont JAMAIS apporté la paix sociale. Comme le soutient la philosophie réaliste, celle-ci ne peut être garantie que par une harmonie intellectuelle et spirituelle, assurée par ces mêmes règles que le film bat en brèche : une autorité, un ordre social, etc.
On retrouve bien sûr les sentiments dans les moments délicieux que partagent les individus, mais érigés en normes, ceux-ci charrient les vendetta, les racismes de toutes sortes, les injustices les plus criantes, puisqu'aux nobles sentiments s'opposeront toujours les passions mortifères.
Il n'en reste pas moins que la dénonciation du totalitarisme est on ne peut plus pertinente. Celui-ci défend un ordre idéologique opposé de toutes ses forces à un ordre naturel qui, s'il reconnaît que les hommes ont besoin d'ordre, ne saurait souffrir d'écraser l'individu. L'affection (confondue par le film avec l'amour) est interdite, le langage est bridé (ça me fait penser à un clown qui a fait retirer le mot race de la constitution), la non-violence de façade cache une violence plus grande encore : celle qui est faite aux libertés individuelles.
A jeter le bébé avec l'eau du bain, le film perd en crédibilité. Dommage...
Ça faisait un petit moment que nous n'avions pas eu de film d'anticipation. Dans celui-ci, pessimiste comme il se doit, tout ce qui différencie a été supprimé au profit de l'uniformité.
On ne comprend pas bien, dans le film en tout cas (il faudrait lire le roman pour en avoir le coeur net), pourquoi quelques uns sont dépositaires de la « mémoire, » terme générique recouvrant toutes les connaissances et les émotions du monde ancien. Toujours est-il que notre brave Jonas hérite de ce lourd fardeau. On se heurte ici à l'insuffisance la plus criante du film. Si, pour Jonas, les saveurs du passé sont nouvelles, elles sont pour le spectateur on ne peut plus communes. Il faut donc faire un effort d’imagination pour s'identifier, même si le réalisateur tente bien que mal de sublimer les découvertes de l'adolescent : la guerre, un éléphant, un éléphant tué, un moment de luge, un chant de Noël, une partition de piano…
Deuxième difficulté : le film fait tellement la promotion de l'originalité qu'il en oublie que l'uniformité est aussi une nécessité de la vie. Faire porter un uniforme à tout un peuple est sans doute excessif, mais rejeter tout uniforme l'est aussi. L'autorité, magistralement incarnée par Meryl Streep, fait du bien commun un absolu qui nie les individualités certes, mais sans bien commun, il n'y a pas de société. À en croire le film, il faudrait plutôt construire un monde autour des sentiments et des passions.
C'est une nouvelle question mal traitée. Les sentiments, je le maintiens et suis prêt à en débattre, n'ont JAMAIS apporté la paix sociale. Comme le soutient la philosophie réaliste, celle-ci ne peut être garantie que par une harmonie intellectuelle et spirituelle, assurée par ces mêmes règles que le film bat en brèche : une autorité, un ordre social, etc.
On retrouve bien sûr les sentiments dans les moments délicieux que partagent les individus, mais érigés en normes, ceux-ci charrient les vendetta, les racismes de toutes sortes, les injustices les plus criantes, puisqu'aux nobles sentiments s'opposeront toujours les passions mortifères.
Il n'en reste pas moins que la dénonciation du totalitarisme est on ne peut plus pertinente. Celui-ci défend un ordre idéologique opposé de toutes ses forces à un ordre naturel qui, s'il reconnaît que les hommes ont besoin d'ordre, ne saurait souffrir d'écraser l'individu. L'affection (confondue par le film avec l'amour) est interdite, le langage est bridé (ça me fait penser à un clown qui a fait retirer le mot race de la constitution), la non-violence de façade cache une violence plus grande encore : celle qui est faite aux libertés individuelles.
A jeter le bébé avec l'eau du bain, le film perd en crédibilité. Dommage...