Gravity

Film : Gravity (2013)

Réalisateur : Alfonso Cuarón

Acteurs : Sandra Bullock (Docteur Ryan Stone), George Clooney (Matt Kowalski)

Durée : 01:30:00


Il y a tant à dire de ce ciel que Gargarine trouvait vide…

Ryan Stone (Sandra Bullock), jeune femme qui « roule sans but », se retrouve perdue dans l’espace à la suite de la destruction de sa navette par des projectiles en orbite. Avec l’aide de Matt (George Clooney), cosmonaute expérimenté, survivant aussi à l’accident, elle s’accroche à tout ce qui lui reste : sa vie.

L’immersion est spectaculaire, la 3d s’avère à ce sujet indispensable : le (vrai) cosmonaute Buzz Aldrin était impressionné par le réalisme de l’apesanteur, et on veut bien le croire.

Gravity nous envoie droit dans les étoiles : de là, nous pouvons admirer la beauté stupéfiante de l’univers, de notre planète ; sans être nommé, mais simplement contemplé, le génie de la Création brille avec une sérénité incroyable. On croit baigner dans un océan calme, flotter en toute liberté dans cet espace sans limite comme en un rêve…

Et puis l’odyssée de l’espace, à proprement parler, commence ; et cet Eden nous surplombant se transforme en véritable enfer.

La jeune femme vit un face-à-face de tous les instants avec la Mort. Faut-il « savoir lâcher prise », ou au contraire « ne rien lâcher » ? Pourquoi devrait-on accorder autant d’importance à notre existence ? Le combat contre la fatalité, ou la malchance, est assez dur en effet pour que le découragement s’infiltre, et agisse comme un poison. Gravity livre là une leçon prudente quant à la transcendance de la question, mais elle n’en demeure pas moins poignante, en montrant que laisser mourir, alors qu’il reste un infime espoir, c’est baisser les bras. La malheureuse est contrainte à l’héroïsme si elle veut s’en sortir. Doit-on se renoncer, face à des obstacles qui semblent nous dépasser ? Ce rapport avec la mort est un hymne à la vie. Vous connaissez bien le suspense qui met en jeu le sort de toute l’Humanité, surenchère à la limite divertissante ; voici celui qui vous accroche à tout ce qui peut sauver une seule personne.

Cette vie, d’ailleurs, compte tant aux yeux du spectateur, notamment grâce à une interprétation au sommet de Sandra Bullock, prouvant au passage qu’elle n’a pas eu son Oscar en 2010 par hasard, bien soutenue par un très bon George Clooney, même si elle porte la moitié du film à peu près seule.

Alfonso Cuarón signe un véritable chef-d’œuvre qui n’a pas volé les critiques dithyrambiques rapportées ces dernières semaines d’Outre-Atlantique. Une aventure où brille la lumière là où le vide s’était créé, dans un esprit errant, agonisant, qui se met à espérer l’impossible. Inoubliable.