Gunman

Film : Gunman (2015)

Réalisateur : Pierre Morel

Acteurs : Sean Penn (Jim Terrier), Jasmine Trinca (Annie), Javier Bardem (Felix), Ray Winstone (Stanley)

Durée : 01:57:00


Mélange de Blood Diamond (2006) et de Jason Bourne (2002, 2004 & 2007), Gunman est une adaptation contemporaine du roman de Jean-Patrick Manchette, La Position du tireur couché (1981). Il raconte les péripéties d’un ancien agent des forces spéciales successivement reconverti en tueur à gages puis en agent humanitaire. Alors qu’il aide charitablement les Congolais de la République démocratique à forer des puits, Jim Terrier (Sean Penn) est subitement attaqué et poursuivi par des démons de son passé armés jusqu’aux dents. Qui veut l’éliminer ? Quel assassinat lui reproche-t-on, huit ans après les faits ?

Se situant dans un registre certes déjà bien visité, Gunman contient néanmoins tous les ingrédients d’un bon film, ce dont certains réalisateurs feraient bien de s’inspirer : un bon scénario de film d’action avec une histoire à rebondissements entre deux continents (Afrique, Europe) complexifiée par un triangle amoureux ; des décors bien choisis (camp humanitaire en Afrique, City londonienne, Corrida de Barcelone, Gibraltar) ; des acteurs principaux et secondaires très efficaces, avec notamment un Javier Bardem toujours aussi inquiétant (No Country for Old Men, Skyfall) et un intriguant agent d’Interpol (Idris Elba) ; des scènes d’action intenses et bien filmées ; un montage alterné dynamique ; des dialogues chevauchant de façon agréable l’action ; une musique correctement dosée.

Mais Gunman est un film qui dérange en France. Pour trois raisons. D’abord à cause de sa grande violence que d’aucuns ne sauraient plébisciter. Ensuite parce que son réalisateur français, Pierre Morel, auteur de Banlieue 13 et de l’excellent Taken, est un disciple de Luc Besson et qu’il réussit à faire tourner des stars américaines du calibre de Liam Neeson, John Travolta ou Sean Penn. Enfin et surtout parce que la trame de fond géopolitique de l’histoire aborde le sujet quasiment tabou des ONG servant de faux nez à des multinationales ou à des Etats pour piller les ressources des pays en développement et faciliter des manœuvres d’ingérence politique. Or, il faut bien avouer que ni le rôle des Occidentaux en Afrique ni l’aide humanitaire dans ces pays ne sont des sujets vraiment abordables au pays de Bernard Kouchner…

Le conte médiatique exige que ces histoires ne soient que l’œuvre de méchants Russes. Point final. Le reste n’existe pas. Alors carton rouge pour Gunman !