Holy Motors

Film : Holy Motors (2012)

Réalisateur : Leos Carax

Acteurs : Denis Lavant (Monsieur Oscar / Le Banquier / La Mendiante / L'Ouvrier spécialisé de la Motion Capture / M. Merde), Edith Scob (Céline), Eva Mendes (Kay M.), Elise Lhomeau (Léa / Elise)

Durée : 01:55:00


Ce dernier film de Leo Carax est paradoxal. Il épuise la technique pour révéler le sens mais oublie une chose essentielle : la caméra qui s'écoute filmer finit toujours par indifférer le spectateur. Comment, en effet, le public pourrait-il comprendre ce qui est volontairement dissimulé, comme si le spectateur créait le sens ? C'est impossible et lassant. C'est pourtant là que nous conduit Holy Motors, entre les plans écrasant d'un Orson Welles dans Le procès, les longueurs d'une Nouvelle Vague périmée et les bizarreries scénaristiques d'un Spike Jonze avec Dans la peau de John Malkovitch.

Le film n'est donc pas inintéressant, mais il applique des codes surannés et fatigue. La lassitude qui gagne le spectateur s'amplifie à mesure que le temps passe et que les scènes se font plus violentes et plus crues. La profondeur de certains dialogues ne parvient pas à rehausser le tout et, bien entendu, le recours à des stars comme Kylie Minogue ou Éva Mendès n'est ici d'aucune utilité. Quand c'est lourd, c'est mauvais.

Faut-il voir dans ce film la dénonciation d'une société entièrement basée sur les apparences ? Faut-il comprendre que la vie est si peu satisfaisante que son porteur ait inlassablement besoin d'un redémarrage ?

Au bout d'1h55 de film, on referme le dossier en disant : «  la prochaine fois que tu essaies de nous dire quelque chose, mon pote, exprime-toi clairement. » Il en ressort en tout cas un climat nihiliste de contemporain paumé, à la recherche d'un sens qui lui échappe, et n'a donc rien à apporter que des questions, ce que tout le monde fait déjà...