Hot Fuzz

Film : Hot Fuzz (2007)

Réalisateur : Edgar Wright

Acteurs : Simon Pegg (Nicholas Angel), Nick Frost (Danny Butterman), Timothy Dalton (Simon Skinner)…

Durée : 02:00:00



L’équipe de Shaun of the dead remet le couvert avec un int&
eacute;ressant petit film, Hot Fuzz. Si le titre de leur précédent métrage faisait référence à Land of the dead de Romero, maître zombi, celui d’Hot Fuzz est assez mystérieux. Pourtant le titre en dit déjà long sur l’œuvre : Le titre Hot fuzz est un hommage à tous ces films des années 80 et 90 qui avaient un titre en deux mots qui ne disait rien de l'histoire ou de l'esprit du film" (Edgar Wright)*. Et le réalisateur de continuer en citant Die Hard, Lethal Weapon et Sudden impact

Nous sommes donc en présence d’un problème d’interprétation. Alors qu’Hot Fuzz semble se donner en simple parodie, l’é
quipe du film veut le présenter plutôt comme un hommage au genre. C’était déjà le cas avec Shaun of the dead où l’idée était de faire « une comédie… avec des zombis ». La parodie étant bien souvent sœur de l’admiration, Simon Pegg et Edgar Wright, avec leur british spirit, veulent afficher leur amour pour les films d’action de leur jeunesse.

Tout pourrait sembler contradictoire mais finalement Hot Fuzz se révèle être à la fois une parodie, un hommage, et un film d’action.

Tout d’abord le côté parodique du film se retrouve dans
un humour bien anglais assorti de références percutantes comme Bad Boys II ou Point Break, « les deux pièces maîtresses »*. Tout ceci est d’ailleurs principalement concentré dans un personnage clé Danny Butterman (Nick Frost) qui jouait déjà dans Shaun of the Dead de son côté balourd et bêta. Ici, il a le rôle parfait du fan absolu qui a vu tous les films d’action et qui possède une mine impressionnante de dvds. Il rêve de vivre les aventures de ses héros… rêve qui pourrait bien devenir réalité grâce à sa nouvelle amitié, le super flic Nicholas Angel (Simon Pegg). Danny représente en fait autant la parodie (notamment dans les scènes d’action) que l’hommage souligné par une réalisation efficace.


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En effet, le nombre de plans dès le début et tout au long du film donne le rythme qu’il fallait pour faire de l’histoire d’un simple policier un film d’action dynamique. Le réalisateur joue avec les clichés du genre, allant de simples techniques de thriller pour entretenir le suspens (ce qui le différencie d’une parodie comme La cité de la peur) à la répétition de séquences en plans très rapides soulignant l’assurance et le professionnalisme de Nicholas. Ces procédés lourdement répétés perdent d’ailleurs un peu de leur efficacité et peuvent lasser surtout lorsqu’ils masquent une absence réelle d’action (au sens de déroulement des évènements). Cependant ces répétitions ont é
galement une fonction comique dont chaque spectateur pourra apprécier l’impact.

L’action peut également paraître déroutante en raison de la structure même du scénario qui divise le film en deux parties. Globalement on passe en douceur de l’inaction à l’action : « Nous ne voulions pas passez trop vite de la petite bourgade idyllique au déferlement d’action »*. Plus précisément on passe du thriller, où les meurtres interpellent l’instinct policier de Nicholas, à l’action pure adrénaline, où « le défi consistait à faire un film de genre avec des bobbies anglais en uniforme, et d’arriver à leur mettre un maximum d’armes
entre les mains »*
(Edgar Wright). Mais il y a une transition qui en elle-même constitue déjà une référence : Simon se découvre une humanité et fait preuve de lucidité sur son état de robot névrosé. On pense alors à de nombreux films où le héros se retrouve face à lui-même, désemparé, se plaignant de passer à côté de l’essentiel dans sa vie (amitiés, épouse, petite amie, vie de famille, une passion…). Le film bascule donc dans une action délirante, invraisemblable, dans laquelle Danny se plonge totalement pour s’identifier à ses icônes. Un autre point est alors mis en exergue : la volonté indestructible du héros de rendre la justice quoiqu’il en coûte.

>Ce qui fait également de Hot Fuzz un authentique film de genre, au-delà de la parodie, c’est le sérieux déconcertant de Nicholas Angel. Le personnage De Simon Pegg est crédible et attachant, et les cinéastes n’ont pas voulu tombé dans le grotesque systématique à l’instar de leur précédent opus. Un gros contraste se forme donc entre les deux personnages principaux que l’on peut retrouver dans bon nombre de films d’action à duo comme la saga L’arme fatale.

Hot Fuzz est en fait un film audacieux qui ose le mélange des genres mais il est plus que cela : même si l’on n’accroche pas forcé
ment à l’humour, cette œuvre est sans doute du « cinéma d’auteur » tant l’idée, le scénario et la réalisation sont de source unique, de même veine.

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Un tel film qui reprend et remâche les clichés et les genres possède en quelque sorte la de tous ces référents, ou du moins compose avec. C’est ainsi qu’Hot Fuzz joue avec l’héroïsme, la peur, l’abandon, la rupture amoureuse, l’amitié, la haine, la cruauté, la folie etc. Nous sommes donc en présence d’un pur
condensé d’émotion cinématographique fraichement sorti du mixeur d’Edgar Wright et Simon Pegg avec une bonne sauce anglaise. Les thèmes sont alors traités avec légèreté et humour mais dans un sens positif contrairement à des films « hautement intellectuel » comme Scary Movie II (Sans doute le plus malsain de la série). Ainsi les cinéastes se sont passé des gags scabreux de l’ « American pie attitude » et se sont contenté de jongler avec des références et des effets comiques classiques (la scène déjà fameuse du raccourci).

En dehors de l’humour, les réalisateurs ont voulu retransmettre de vraies émotions. Quand un personnage proche du héros souffre ou meurt
des sentiments parviennent à passer s’éloignant ainsi des effets du type de la mort du roi grenouille dans Shrek III.

Par conséquent, Hot Fuzz est une comédie et un film d’action familial, excepté pour les plus jeunes en raison d’images violentes et sanglantes qui peuvent choquer, malgré l’effet comique escompté.

*in notes de production

Jean LOSFELD