House of Time

Film : House of Time (2014)

Réalisateur : Jonathan Helpert

Acteurs : David Atrakchi (Zack Finkelstein), Laura Boujenah (Catherine Bénichou), Esther Comar (Mathilde Barthélémy), Maxime Dambrin (Robert d'Eglantine)

Durée : 01:26:00


Un passionné de physique quantique, et notamment de celle développée sous le IIIe Reich, prépare une petite farce à ses amis qu’il a invités dans son château. Il se propose en effet de les ramener en 1944 dans la France occupée, à la faveur d’une « faille spatio-temporelle » qu’il aurait découverte. Mais bien vite la plaisanterie dérange et le petit jeu annoncé devient anormalement réel…

Voilà un scénario encourageant et prometteur de la part du jeune réalisateur Jonathan Helpert pour son premier film. Il apporte sans aucun doute la fraîcheur d’une génération de cinéastes novices qui n’a pas peur de se lancer à la conquête de nouveaux horizons avec ce film de genre à moitié fantastique, qui est d’habitude la chasse gardée des Américains.

D’un point de vue technique, le film ne développe malheureusement que la moitié de son énorme potentiel scénaristique, avec une histoire totalement hasardeuse qui aurait pu amener à des scènes beaucoup plus décalées entre les deux époques juxtaposées, 1944 et 2014. Le film pêche par sa méconnaissance des codes historiques de la société française durant les années 40 en négligeant les dialogues, les mœurs et les comportements spécifiques à ce temps. Il se contente d’une fidélité aux costumes, réussis pour le coup. S’inspirant trop ouvertement de Retour vers le futur, il tombe ainsi dans le piège d’une lecture trop horizontale de l’Histoire en cédant à la tentation du « quota » sexe-violence-suspense pour espérer convaincre.

En fait il nous laisse à moitié sur notre faim. L’idée totalement délirante (pour notre société) de donner libre cours à la passion de jeunes originaux pour l’époque du IIIe Reich, fait bien sûr penser à l’humour noir de l’excellent film Le Prénom (2008) où le spectateur se sent taquiné avec son réflexe d’autocensure et ne sait s’il a la permission de rire. Malheureusement le film ne reste pas assez dans ce registre et finit par s’autocensurer. Il consacre toute son énergie à repousser sans cesse l’issue de l’intrigue pour faire hésiter le public sur la réalité de cette farce. Il y parvient, certes, mais au prix de quelques longueurs, et en sacrifiant le caractère réaliste que la plupart des convives auraient dû adopter face à cette situation insolite. Ces convives, prétendument inspirés des romans d’Agatha Christie, ont très peu de réactivité face à l’étrange et, fait aggravant, ils n’ont pas d’agenda. Curieux oubli pour une histoire censée se dérouler dans les tunnels du temps !