Invasion

Film : Invasion (2007)

Réalisateur : Oliver Hirschbiegel

Acteurs : Nicole Kidman (Carol), Daniel Craig (Ben), Jeremy Northam (Tucker), Jeffrey Wright (Dr Galeano)…

Durée : 01:38:00


Valeur artistique


style="margin: 0cm 0cm 10pt; text-align: justify" class="MsoNormal">L'histoire mythique est tirée du roman de Jack Finney, Invasion of Body Snatchers, écrit en 1954. Bien que l’équipe du film explique qu’Invasion n’est pas un remake, il s’insère cependant dans une
série impressionnante d’adaptations cinématographiques. Le premier,
L'Invasion des profanateurs de sépultures a été réalisé en 1956 par Don Siegel. En 1978, Philip Kaufman se lançait dans l’aventure avec L’Invasion des profanateurs. Enfin, Body Snatchers face="Cambo, arial, helvetica, sans-serif" class="Apple-style-span"> d’Abel Ferrara en 1993 paraissait être le dernier.

Mais la Warner et le producteur Joel Silver (A vif, V pour
Vendetta
, Matrix…) n’ont peur de rien et rééditent l’histoire sous la plume du scénariste David Kajganich qui précise être reparti du roman original plutôt que des précédentes versions. Abstraction faite qu’Hollywood est championne toute catégorie de la reprise, il faut reconnaître que l’histoire peut avoir un écho particulier à chaque époque. Invasion class="Apple-style-span"> présente en outre certaines qualités.
Le choix est à la mise en scène dynamique avec un montage sensationnel et expressif qu’on sent avoir une place déterminante dans la construction du film (il a d’ailleurs été tourné une seconde fois car le premier montage n’avait pas plu à la production). Le récit suit une trame générale extrêmement prévisible ce qui fait du métrage un film de genre à sensation plus qu’à scénario, malgré son riche matériau. Du coup, les scènes les plus réussies sont celles qui ont trait aux thèmes de la peur et de la fatigue. La lutte contre le
sommeil est bien rendue par des prises de vue audacieuses et un agencement efficace de plans rapides. Le son et la musique jouent leur rôle de créateurs d’ambiance, ajoutant stress et rythme à l’action.
Mais Invasion ne se démarque pas beaucoup des œuvres de sa catégorie empruntant largement aux clichés du genre que ce soient les foules hostiles et prédatrices, la transmission d’un virus… Par rapport au film de 1956 de Don Siegel, celui de Hirschbiegel introduit une dimension intéressante : alors que le premier était un huis clos
dans une petite ville américaine (excepté tout à la fin), le dernier donne une envergure mondiale à la catastrophe par le biais des médias (télévision, radio…). Cette idée colle assez justement avec la volonté de faire une œuvre contemporaine et politique.

 


Si l’aspect politique de l’histoire est nécessairement présent, c’est avant tout un film de genre plus qu’un
film politique que les cinéastes ont voulu faire, car comme l’indique "
raconter cette histoire à travers un film de genre est un choix plus intelligent car cela touchera plus de monde." *

Invasion fait parti de ces films post « 11 septembre » qui, traumatisés par l’incident, souhaitent traiter de la
peur, un peu comme le film du même producteur,
A vif. Ici, il s’agit de parler de deux sortes de peur : d’une part les peurs de la vie quotidienne, comme la perte de l’être aimé, la perte d’un enfant ou tout simplement la peur de la mort et d’autre part la peur politique : « Je voulais donc écrire un film profondément effrayant mais aussi plein de sens pour que les gens puissent le rapprocher avec leurs peurs quotidiennes, mais pas nécessairement au niveau politique, bien qu'il y ait
évidemment une dimension politique dans cette histoire. Nous sommes passés dans une nouvelle ère de peur. »
(David Kajganich)* L’industrie du cinéma américain a su à chaque époque trouver les psychoses sociales et les exploiter même au-delà de la réalité. C’est un trait commun avec l’œuvre de Siegel qui faisait discrètement référence au conflit américano-russe. En ce moment, le terrorisme et la guerre en Irak vont occuper les studios encore pour un bon bout de temps.

 


* Citations tirées de notes de production

Jean LOSFELD