La bande-annonce préfigurait un film conçu pour jupons. Des sentiments sirupeux, des musiques préformatées : je suis entré dans la salle avec mes plus belles louboutin.

J'avais (partiellement) faux. Très conventionnel sur la forme, le scénario est sérieusement construit et pose la question qui tue. Faut-il en effet croire à la théorie de l'âme sœur, qui voudrait qu'il y ait une seule personne quelque part qui soit « faite » pour moi, ou doit-on plus raisonnablement penser que s'il peut exister en effet des atomes crochus, ils ne sont que la matière d'un navire qui doit être construit à deux ?

En suivant les pérégrinations de cette histoire vraie, le film doit faire un choix& nbsp;: soit l'amnésie de la jeune femme est une sorte d'accident cassant le fonctionnement naturel de l'âme sœur (justifiant un divorce), soit elle n'est qu'un paramètre supplémentaire à prendre en compte, l'amour demeurant plus fort que l'épreuve.

Pourtant le film prend un troisième parti. Adoptant, comme tout film romantique qui ne se respecte pas, la théorie de l'âme sœur, il en fait une règle si absolue qu'elle détermine la liberté elle-même puisque la jeune femme, réinitialisée pour ainsi dire, se jettera dans les bras de son ancien amant et demandera le divorce avant de revenir à son mari.

Il serait intéressant de demander plus de précisions au couple qui a inspiré l'histoire, mais il est probable que cet é garement provisoire de la jeune femme ait été dû non à un changement de nature, mais au refus de continuer la construction de la relation.

Or en amour comme en mathématique, l'important n'est pas le résultat, mais la formule utilisée. Et l'amour est fonction de liberté.