Il s’agit de l’adaptation de l’ouvrage scientifique du même nom du psychanalyste et anthropologue Georges Devereux publié en 1951 et qui relatait l’expérience de l’auteur dans son traitement du traumatisme psychologique d’un indien Blackfoot Jimmy Picard. Présenté au festival de Cannes, le film marque la cinquième collaboration entre le réalisateur Arnaud Desplechin et l’acteur Matthieu Amalric après La sentinelle, Comment je me suis disputé (ma vie sexuelle), Rois et reines et Un conte de Noël. Très prisé par les critiques de cinéma et cantonné au cinéma d’auteur, Desplechin abord ici un sujet original à la fois historique et sentimental. Il brasse beaucoup de thématiques humaines fortes, le déracinement culturel et social (Jimmy Picard est un indien Blackfoot ancien combattant de la Seconde Guerre mondiale dans une Amérique où les amérindiens n’ont pas encore retrouvé leur place), familiale (son enfance difficile et sa vie sentimentale compliquée), religieuse (la foi catholique de Jimmy confrontée au scepticisme de Devereux). En fait, Jimmy est amené avec cette psychothérapie à faire un travail sur lui-même et à se remémorer des moments pénibles de son passé pour exorciser ses démons et reprendre sa vie en main. Il s’agit donc d’une introspection dans la vie d’un homme qui doit renouer avec son passé pour mieux vivre son présent. La réalisation est sobre, dépouillée, parfois un peu précipitée (le tournage a été rapide en raison du faible budget) et restitue bien les personnages et leurs sentiments. Benicio del Toro, plus habitué aux blockbusters, est très convaincant dans ce rôle d’homme blessé qui se reconstruit psychologiquement. Un beau film émouvant qui aborde un sujet méconnu.