Joe

Film : Joe (2013)

Réalisateur : David Gordon Green

Acteurs : Nicolas Cage (Joe Ransom), Tye Sheridan (Gary Jones), Adriene Mishler (Connie), Ronnie Gene Blevins (Willie Russell)

Durée : 01:57:00


Nicolas Cage, j'ai déjà eu l'occasion de l'écrire, est un excellent acteur. Pourquoi n'a-t-il jusqu'à présent joué que dans des films tout pourris ? A cause d'un corps à corps glacial avec les impôts (que voulez-vous, ils nous prennent tout !). En ce qui concerne ce film c'est… pareil…

D'accord, qualifier ce film, issu du roman éponyme de Larry Brown, de pourri est excessif, mais les plans, le scénario étant d'une simplicité désarmante, c'est surtout sur des acteurs et de l'ambiance que la pellicule tirera toute sa saveur.

Du point de vue des acteurs, le simple fait qu'il y ait Nico hérisse le poil. Toujours aussi brillant, il incarne cette fois un homme taciturne, violent et franchement paumé.

Face à lui, deux acteurs remarquables : le jeune Tye Sheridan, déjà vu à l'œuvre dans The Tree of life et Mud, mais qui aura désormais du mal à sortir de ses rôles de chien battu ; et Gary Poulter, dont la biographie ferait pâlir de jalousie tous les acteurs en herbe qui se bousculent au portillon, puisqu'il fut SDF drogué et alcoolique avant d'incarner précisément ce rôle dans ce film.

Le trio fait froid dans le dos… La jeune gueule de chien battu, l'ouvrier violent, le toxico prêt à tout pour une bouteille… Et ce n'est pas tout…

Car le film plonge le spectateur dans une ambiance de misère absolue. Misère sociale (les hommes se tuent à la tâche pour une poignée de dollars), sexuelle (les prostituées sont un personnage à part entière, et ce sale SDF vend le corps de sa très jeune fille pour 30 $), sentimentale (pas d'amis, pas d'épouse aimante…), etc.

Finalement, le seul message positif du film, et qui est soulignons-le, le message principal, c'est que ce jeune garçon est en permanence sur le fil du rasoir. L'enjeu ? Qu'il devienne ou non aussi pourri que son contexte. C'est ce que craint Nicolas Cage, alias Joe, et c'est la raison pour laquelle il s'attache à ce gamin et tente de le protéger. L'Amérique texane profonde paraît cependant si sale que la lueur d'espoir manque chaque fois de s'éteindre de peu.

La fin du film est rassurante, mais après la traversée, le spectateur est si plein de poussière que la petite dragée d'avant-générique est bien fade.