Juste La Fin Du Monde

Film : Juste La Fin Du Monde (2016)

Réalisateur : Xavier Dolan

Acteurs : Gaspard Ulliel (Louis), Nathalie Baye (La mère), Léa Seydoux (Suzanne), Vincent Cassel (Antoine), Marion Cotillard (Catherine)

Durée : 01:35:00


Xavier Dolan, 27 ans, est un peu le Justin Bieber du monde des cinéastes. Tombée dans la marmite du succès dès le plus jeune âge, surtout depuis son film Mommy (2014), déjà blasée par les tapis rouges, à moitié absente durant ses interviews, l’étoile montante du Canada attire à présent toutes les stars de la francophonie : Vincent Cassel, Marion Cotillard, Léa Seydoux, Nathalie Baye… impossible de refuser l’offre de se voir starifier dans le prochain Dolan !

Et Dolan continue son petit chemin. Avec Juste la fin du monde, il fait le pari de tenir 1h35 sur la demi-journée d’un jeune écrivain (lui-même ?) retournant auprès de sa famille après douze ans d’absence pour lui annoncer la fin de son monde à lui. La fin programmée de sa vie insignifiante. Le feu d’artifice du génie choisissant de plein gré le terme de son parcours. Rien que pour la beauté du geste. Rien que pour le fun. Mais tout, justement, n’est pas fun, puisque sa famille n’a pas l’exacte conformité au modèle qu’il se fait d’une vie apaisée et tranquille. Alors la fin du monde n’est pas celle qu’il imaginait…


Pas la fin du cinéma… ni des haricots !


Le secret de l’alchimie médiatique « Dolan » ? Une maîtrise excellente du rythme visuel, musical, actoral. Au point qu’on verse parfois dans le clip musical. Oui, Dolan s’est fait connaître aussi grâce à son clip pour la chanteuse Adèle (« Hello »). Malheureusement, son goût exagéré pour les gros plans donne un peu le mal de mer. Surtout lorsque l’action se déroule dans un huis clos plutôt étouffant dans lequel on n’arrive pas à se repérer tant l’arrière-plan est obstrué par les bouches en colère, les yeux hagards ou haineux, les casquettes, les maquillages « étalés à la truelle » des unes et des autres. S’inspirant de la pièce de théâtre éponyme de Jean-Luc Lagarce, Dolan laisse surtout transparaître sa nostalgie de la sulfureuse série d’Alan Ball (Six Feet Under), campant son décor au beau milieu d’une famille dysfonctionnelle où chaque membre ressemble à ceux du clan Fisher (les deux frères – l’un homo, l’autre hétéro, la sœur paumée, la mère névrosée, le père absent).

Ceci dit, Dolan arrive à personnaliser son ouvrage sans trop de déchaînements pulsionnels. Dans Juste la fin du monde, il explore avec un brin d’existentialisme les caractères très divers de ces drôles de frères et sœurs s’envoyant des pelletées de reproches à la figure. Il réussit surtout à montrer leur maladresse de ne pouvoir exprimer leur amour réciproque, se confondant parfois avec une forte potentialité de ne rien avoir à dire. Les personnages de Dolan n’arrivent pas là où ils voudraient. Ils piétinent, sincères mais harcelés par la coexistence de l’autre. Leur cheminement poussif est intéressant… mais on a parfois l’impression qu’on ne tiendra pas nous-mêmes jusqu’à la fin !