K.O.

Film : K.O. (2017)

Réalisateur : Fabrice Gobert

Acteurs : Laurent Lafitte (Antoine), Chiara Mastroianni (Solange), Pio Marmai (Boris), Clotilde Hesme (Ingrid)

Durée : 01:55:00


Pas facile de réaliser un thriller en France. La culture du revolver sous l’oreiller peine à s’imposer. Peut-être parce que… la loi nous l’interdit. Contrairement aux Etats-Unis. Mais encore, ce genre filmique contredit souvent l’approche française souvent humaniste dans le traitement des personnages. En effet le thriller donne priorité au scénario et aux effets de mise en scène sur l’entendement des protagonistes, quitte à tordre la réalité spatio-temporelle pour rendre l’histoire plus excitante. Le thriller se fait donc plutôt rare en France, et il est plutôt mal vu pour les raisons que je viens d’expliquer. Cela n’a pas empêché le réalisateur Fabrice Gobert (Série Les Revenants, 2015) de tenter le coup en propulsant Laurent Laffite sur les planches de ce drame psychologique. Sans dévoiler l’intrigue, on résumera l’affaire en disant que Laffite campe un odieux personnage du milieu de la télé. A force de condescendance et de mauvais traitements infligés à son personnel et à sa femme, le boomerang lui revient en pleine figure, et il ne parvient pas à retrouver l’équilibre de sa situation antérieure malgré sa détermination et sa colère, mélangée de pointes d’humour et de dépit.

Entre K.O. visuel et chaos scénaristique

Pâtissant de longueurs et de courbures scénaristiques génératrices d’attentes insatisfaites, K.O. se présente comme la version française de Shutter Island (Martin Scorcèse, 2010), avec un héros principal à tendance paranoïaque persuadé de l’organisation d’un vaste complot sociétal pour le renverser. Le film s’intéresse au milieu journalistique et pointe de façon assez réaliste la dégradation des relations professionnelles, sujet déjà bien accaparé par le très bon Corporate (Nicolas Silhol, 2016) récemment sorti en salles. Malheureusement l’auteur n’a pas su donner suffisamment de relief aux personnages secondaires qui incarnent souvent des copies conformes au modèle principal. Ainsi les hommes présents dans le groupe médiatique (que l’on devine être France Télévisions) sont tous des machos, des vulgaires, des rapaces. Les femmes sont toutes des ambitieuses incomprises… On manque donc rapidement d’oxygène et de surprises agréables. Cet accident tient peut-être du fait que l’auteur se focalise trop sur son idée de réaliser des boucles scénaristiques où se confondent le rêve et la réalité. Il en oublie presque de répondre à des questions essentielles : pourquoi le milieu journalistique serait-il impacté par ces comportements en particulier ? Pourquoi le personnage principal n’arrive-t-il pas à se relever de sa chute ? Pourquoi rien ne le pousse à une remise en cause dans son comportement ? Des questions sans réponses qui nous laissent dans l’impossibilité de reprendre nos esprits à la fin du générique.