L´élève Ducobu

Film : L´élève Ducobu (2011)

Réalisateur : Philippe de Chauveron

Acteurs : Elie Semoun, Vincent Claude, Josephine de Meaux, Juliette Chappey, Bruno Podalydes et Helena Noguerra… .

Durée : 01:36:00


Une comédie drôle et bien menée, qui ne doit pas faire oublier que « Tricher, c'est pas bien ! ».

L’adaptation cinématographique de « L’élève Ducobu » est plutôt réussie. Le travail des frères Marc et Philippe de Chauveron a transformé la « succession de situations très courtes » (dossier de presse) de la bande dessinée en une véritable intrigue. Pour donner plus d’allant à cette aventure, les scénaristes n’ont pas hésité à inventer de nouveaux personnages et certaines situations. Entre fidélité et innovation, l’aventure est pleine de rebondissements et manie l’effet de surprise à plaisir. Le film a séduit les auteurs de la bande dessinée qui ont même décidé d’intégrer le personnage du professeur de musique, Melle Rateau (Joséphine de Meaux), créé par les scénaristes, dans leur prochain album. Un beau travail d’équipe.
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Le film plaît car on rit ! Et pour cause, on se délecte devant l’ingéniosité du héros Ducobu (Vincent Claude), un parfait cancre, qui étonne toujours par la diversité de ses techniques de tricherie. L’effet de surprise, la curiosité devant les nouvelles inventions font de cette comédie un divertissement agréable. « J’aime bien son regard, il a l’air intelligent », avoue sa petite voisine de classe Léonie (Juliette Chappey). C’est vrai, on s’attache vite à Ducobu, si doué pour trouver des issues tout à fait appropriées à pas mal de situations plutôt inextricables!

On ne s’en est peut-être pas rendu compte, mais on admire l’ingéniosité d’un « roi de la triche » (affiche du film). « L’idée de faire un film sur un as de la triche (…) m’a tout de suite emballé » (Philippe de Chauveron, réalisateur et scénariste in dossier de presse). Toute l’énergie de cette intelligence remarquable est mise au service de sa paresse et du mensonge. Paradoxalement, quand Ducobu s’emploie à sauver ses coéquipiers dans la forêt, on oublie de rire et on a hâte qu’il retourne à ses bêtises. Normal, « Ducobu est un antihéros » (Philippe de Chauveron in dossier de presse).

On rit aussi au souvenir de
nos propres années d’écolier. Le spectateur se trouve en présence des personnalités types, créées dans la bande dessinée mais bien interprétées par les acteurs. Ces personnages possèdent des traits de caractère universels exprimés bien sûr de façon horriblement exagérée, tels la voix suraigüe de M. Latouche (Elie Semoun) ou le strabisme de Melle Rateau. Ce comique manque parfois un peu de nuance. Il permet cependant aux spectateurs de se souvenir avoir croisé dans leur vie d’écolier quelques personnes aux défauts plus ou moins semblables. La légende du cancre sympathique n’a donc rien à envier à celle du prof vieille école.

Il faut tout de même constater une r&
eacute;elle infidélité du film par rapport à la bande dessinée. Tout le monde est amoureux de tout le monde. Léonie soupire après Ducobu qui en profite tandis que la mère de la fillette est l’objet des fantasmes de papa Ducobu. La cerise sur le gâteau, c’est bien Latouche et Melle Rateau qui finissent saouls et à moitié déshabillés dans les bois ! Cela ne gêne personne ? L'irresponsabilité des personnages va loin puisque les enfants se perdent dans les bois durant leur grand jeu à cause de cette torride aventure. Ces relations, en plus d’être traitées de façon totalement primaire, ne semblent pas tout à fait de l’âge du public !

Il est intéressant de constater que si Ducobu semble
se sentir à l’aise dans sa paresse d’écolier, sa personnalité ne s’épanouit pas à l’école. Qui n’est pas bon en classe n’est pas forcément un raté, contrairement à ce que Papa Ducobu (Bruno Podalydès) tente de faire croire à son fils. Certains, comme Léonie (Juliette Chappey), peuvent y briller ; mais abandonnée dans le vaste monde, la fillette a du mal à se débrouiller et sera bien heureuse de pouvoir compter sur l’esprit pratique, plein de bon sens de son voisin de classe.

La comédie dénonce gentiment un système scolaire un peu vieillot avec ses adeptes un peu caractériels. Pourquoi pas ? Mais le film s’adresse-t-il alors au jeune public qui voit ridiculisée
l’institution qu’il est sensé estimer ? « Moi aussi j’aime les enfants. J’aime aussi les gronder » dit M. Latouche. Très attachant et digne de confiance ce prof ! Bien plus, on ne trouve dans ce métrage aucun représentant de l’autorité qui soit vraiment respectable. Tous ces personnages présentent une faiblesse si frappante, qu’aucun ne peut inciter à la vénération. Où est donc passée la légende du professeur empreint d’une autorité naturelle, pétri de culture et captivant ses élèves ? Ce n’est pas l’esprit de la bande dessinée, certes, mais comme le fait remarquer Joséphine de Meaux, « avec les enfants, il n’y a pas de jugement.» (dossier de presse). Du coup, dénigrer les professeurs et les parents dans un film pour enfants, n’est peut-être pas une très bonne idée&
hellip; Tous les personnages du film ont des défauts, dira-t-on. Il n’empêche que les enfants gagnent trop contre des adultes un peu bébêtes et primaires tandis que les vertueux perdent, face aux menteurs et aux tricheurs.