La Chance de ma vie

Film : La Chance de ma vie (2009)

Réalisateur : Nicolas Cuche

Acteurs : François-Xavier Demaison (Julien Monnier), Virginie Efira (Joanna Sorini), Armelle Deutsch (Sophie), Raphaël Personnaz (Martin Dupont), .

Durée : 01:27:00


Une comédie sentimentale efficace malgré un jeu d'acteur parfois approximatif, qui délivre un message globalement positif dans contexte souvent graveleux.
Entre autres scénariste de la fameuse série télévisée Joséphine, Ange gardien, Nicolas Cuche signe ici une comédie bien construite, alternant burlesque et comique de situation dans une réalisation travaillée et même audacieuse (utilisation opportune de split screens,  transitions soignées, etc.). Mais si François-Xavier Demaison (récemment à l'affiche dans La tête en friche, de Jean Becker, 2010) est assez convaincant, Virginie Efira peine toujours autant à  communiquer des émotions, même si elle est un peu meilleure que dans son dernier film L'amour c'est mieux à deux. La joliesse ne suffit pas à compenser le regard souvent vide de la comédienne et les pauses malvenues à la fin de ses tirades.
Bien qu'assez prenant, le scénario
reste très proche des comédies sentimentales américaines, et l'on pourrait tout à fait imaginer Jennifer Lopez en lieu et place de Virginie Effira. Cette couleur outre-atlantique se ressent particulièrement dans l'humour graveleux, tellement bien dénoncée dans le film Funny People (de Judd Apatow, en 2009). Les quiproquos de nature sexuelle font en effet clairement partie de la recette commerciale, jouant sur les fantasmes (en particulier masculins) et faisant du comique un produit technique copié-collé sans âme. Si la jeunesse actuelle ne retient guère des « vieux » films que  ceux de Louis de Funès, c'est bien que son génie est d'avoir incarné une forme de comique impossible à produire en série.

Sur le fond, le film donne l'impression d'une perte de repères sur la question du couple. Certains attachent une importance au fait que les mariés soient assortis ou non, d'autres pensent que résoudre des différends sur
les questions fondamentales (les enfants, la famille, etc) peut se faire au moment de la cérémonie de mariage, d'autres encore attribuent la réussite d'un couple à la chance ou à la malchance, et personne n'a l'air de se dire que la condition nécessaire et suffisante pour qu'un couple marche est que les deux soient prêts à se sacrifier absolument pour l'épanouissement de l'autre. Pire : Joanna va d'abord vouloir quitter Julien parce qu'il porte malheur, et va ensuite accepter de retourner avec lui parce qu'il lui porte chance ! Même si on se doute qu'elle lui porte une certaine affection, on peut légitimement se demander si son amour est véritable.

Cette vision de la chance est cependant très originale et intéressante. Alors que le commun des mortels, ne voyant les événements qu'à très court terme, s'apitoient sur ses malheurs, il ne réalise pas que ces malheurs sont très souvent nécessaires au bonheur. Des rencontres
merveilleuses se font dans des accidents bénins de la circulation, à l'hôpital, ou même pendant une guerre. Non que ces événements soient joyeux, mais l'optimiste (ou celui qui croit en la providence) saura y déceler les prémisses d'une vie meilleure quand d'autres accuseront le ciel de les persécuter. C'est très explicitement le message du film. Joanna réalise que tous les malheurs qu'elle a connu avec Julien lui ont en fait permis de réaliser ses rêves. Un tel message d'optimisme est si réjouissant dans cette société dépressive.

A noter une vision caricaturale, pour les besoins de la comédie, de la vie monastique, « pire des solutions » selon Julien résigné devant ses malheurs. Les moines sont présentés un peu comme de gentils imbéciles, à l'attitude presque sectaire (le moine ne veut pas lui rendre son téléphone portable pour le « protéger »). S'il est exact qu'il s'agit de la pire des solutions pour celui
qui n'a pas cette vocation, tout porte à croire que la vie monastique est bien loin de la tristesse, de la monotonie et de la niaiserie que le monde se plaît à lui prêter.

Raphaël Jodeau