À l’instar des Microcosmos (Claude Nuridsany, Marie Pérennou, 1995), Pollen (Louis Schwartzberg, 2008), ou encore Océans (Jacques Perrin et Jacques Cluzaud, 2009), La clé des champs est un film contemplatif. La beauté qu’il offre aux regards, à la différence de The tree of life (Terrence Malick) qui touchait au métaphysique, est ici physique, contenue dans cette nature de plus en plus méconnue que deux enfants découvrent autour d’une mare. La macrophotographie est ici encore la règle du jeu cinématographique. Principalement aquatique dans cette œuvre, elle révèle les mystères enfouis dans la vase de nos étangs, et les exhibe en brossant, parfois maladroitement, quelques parallèles avec les références de nos civilisations. Les rangées d’insectes se bousculent sur l’eau au son des klaxons, deux d’entre eux s’affrontent sous la surface dans des bruits de tournois médiévaux... On sent que le réalisateur tente par tous les moyens de maintenir l’intérêt d’un spectateur prisonnier de sa société fulguro-changeante. Il n’en était pas besoin. Ce dit captif de nos villes frénétiques ne saura probablement pas s’arrêter devant ce charmant spectacle d’une nature mise à nue. Quant à ceux qui le pourront, ils goûteront avec délectation cette pause que l’écran leur accordera au milieu de leurs tracas. Reste à signaler l’amourette tant bucolique que platonique entre les deux enfants, qui s’approchent par nature interposée et finissent par regretter de ne s’être connus mieux. Débranchez votre portable, détendez-vous et laissez-vous porter, la création sous-marine et grouillante vous réserve son plus beau spectacle.