La légende de Zorro

Film : La légende de Zorro (2004)

Réalisateur : Martin Campbell

Acteurs : Antonio Banderas (Alejandro de La Vega/Zorro), Catherine Zeta-Jones (Elena de La Vega), Rufus Sewell (Armand) (Durée 2h10).

Durée : 02:10:00


Particulièrement à l’aise dans le registre du film d’action/aventure, Martin Campbell (Goldeneye2995 et Le Masque de Zorro2998) reprend le flambeau du justicier masqué, pour nous offrir un film familial et réjouissant. Le film frappe par l’étonnant mélange de trouvailles narratives qui tiennent lieu de scénario; comédie familiale (en vogue à
Hollywood depuis Mr and Mrs Smith-2004), ésotérisme, élucubration politique sur l’avenir et le rôle des Etats-Unis… Une seule solution pour le spectateur : déguster ce cocktail amusant au demeurant sans prendre ombrage d’une trame de fond un peu creuse.

Cette suite permet cependant aux acteurs, en pleine forme, de se lancer avec fougue dans des péripéties à multiples rebondissements… Le film nous offre tour à tour drame et comédie, cascades impressionnantes et jeu de scène savoureux. Voir Zorro, (enfin) dépassé par les évènements, se battre à la fois pour le peuple qui l’aime et pour trouver une solution à ses problèmes familiaux, donne au personnage une dimension humaine différente du mythe originel. Ainsi s’explique Laurie MacDonald, productrice : « Les soucis personnels de Zorro et d’Elena ont été développés pour donner naissance à une autre dimension dramatique… Zorro est avant tout un être humain, qui affronte les mêmes doutes et les mêmes obstacles que nous… » (in notes de
production). Le film offre aussi des seconds rôles enthousiasmants : mention très bien pour le fils de Zorro, Joachim (incarné par Adrian Alonso), qui brûle les planches par son « naturel formidable » (dixit Catherine Zeta-Jones)… Cette dernière est d’ailleurs convaincante en mégère, bonne mère de famille qui se satisfait du succès qu’elle rencontre auprès de son soupirant Armand, et s’en sert comme une arme devant son mari. Et le cheval Tornado interprète un rôle clownesque, réservé au serviteur Bernardo dans la série télévisée.

Le film a pour thème fondamental les problèmes familiaux de la famille de La Vega, qui, après dix ans de mariage, empirent à cause de l’éloignement du père de famille et de l’intervention d’un courtisan, qui veut séduire la belle Elena. Seulement il nous donne une vision très américaine de la chose, pleine de clichés, avec procédure de divorce par ministère d’avocat, flirt entre la femme mariée et un bellâtre antipathique, et mari quadragénaire doué
pour se rendre lui-même ridicule (notamment dans une scène de bal). Le thème de la tromperie conjugale est de plus ouvertement envisagé, et ce pour servir les intérêts, semble-t-il supérieurs, de la Californie et de l’Union. Les scènes de baisers ne sont pas rares, parfois teintées de comique de situation (le mari trompé, Zorro, se trouve à deux mètres au-dessus des amants…).

Mais le film se rattrape car il permet aux époux de se battre pour leur couple et leur enfant. L’idéal familial est préservé, le père se sacrifiant pour sa famille, la mère protégeant son fils pour ferrailler aux côtés du mari.
L’Eglise est très présente ; on y retrouve un père sympathique, sans doute un peu trop bon vivant d’ailleurs, et un tueur, odieux jusqu’à la caricature, qui se dit investi d’une mission divine. Mais l’autorité d’un ecclésiastique enseignant dans une école, est tournée en dérision par le propre fils du héros…

>Stéphane JOURDAIN