La Liste de mes envies

Film : La Liste de mes envies (2013)

Réalisateur : Didier Le Pêcheur

Acteurs : Mathilde Seigner (Jocelyne Guerbette), Marc Lavoine (Jo Guerbette), Virginie Hocq (Danielle 1), Frédérique Bel (Danielle 2)

Durée : 01:38:00


Qui n'a un jour essayé de dresser la liste des choses à faire et à acheter en cas de soudaine richesse ? Vous savez, ces moments où on essaie de se faire croire qu'on aiderait le monde entier tout en restant très raisonnable, où on s'imagine sans souci financier, comme ça, juste pour voir, avant de retomber brutalement dans la réalité et d'essayer de répondre un truc cohérent à sa banquière pour la faire patienter ?

Imaginez que vous avez gagné 18 millions d'euros !

 

C'est ce que nous propose cette adaptation du roman éponyme de Grégoire Delacourt par le truchement de Jocelyne (qui est un homme dans le livre), incarnée par une Mathilde Seigner très authentique dans un rôle qui lui va comme un gant : celui d'une femme du peuple avec ses pépins et ses succès, comme nous quoi… Hé oui ! Sinon comment le spectateur pourrait-il s'identifier ?

 

Mais la brave Jocelyne a un problème que nous aimerions tous avoir. Elle n'avait joué son ticket que pour faire plaisir à deux copines un peu foldingues, et ne sait comment se comporter face à la fortune. Alors elle décide de ne rien changer à sa vie et garde le chèque comme Picsou son sou fétiche. Ce sont les fondations du film : quelqu'un qui refuse que l'argent change sa vie. Est-ce possible ?

 

Le scénario, invasif, se plaît alors à étudier tous les comportements autour de ce MacGuffin psychologique. La somme devient un personnage à part entière dans le film, influençant à souhait les comportements. Celle qui reste raisonnable, les frénétiques pleins d'espoirs qui grattent numéros après numéros, celui qui devient fou, celle qui est jalouse, bref… toute la palette nous est présentée avec humour et légèreté.

 

Ce qui ressort du film, c'est clairement que l'argent ne fait pas le bonheur. On ne va pas déflorer l'intrigue, mais à nouvel argent nouveaux problèmes (vous savez, ceux qui ne nous arriveraient pas, à nous, si nous étions dans la même situation, parce que nous sommes beaucoup plus malins que tout le monde !). Le message du film est donc tout entier contenu dans cette réaction (assez peu naturelle en fait) de deux sœurs s'apprêtant à cocher une nouvelle grille de loto mais se ravisant bien vite pour ne pas « devenir comme elle (NDLR : l'héroïne). » 

 

Le deuxième message du film touche la vie de couple, durement affectée par la nouvelle situation. Sans dévoiler l'intrigue, on peut déplorer cet adultère injustifié, mal amené et parfaitement fleur bleue qui paraît, à tort, résoudre la situation conjugale. Bien sûr, Jocelyne explique que ce ne sera jamais pareil qu'avant, et on comprend qu'elle doit maintenant se contenter des miettes de l'amour, mais cet acte adultère, banalisé, démontre un découragement (explicite) et un abandon marital coupable.

 

A côté de Jocelyne, personnage généreux et sincère, sa fille, présente essentiellement lorsque ça va mal, est quant à elle courageuse et attachante.

 

Il ressort de tout ceci un film touchant qui pose les bonnes questions mais qui s'embourbe un peu à y répondre. Cela ne veut pas dire qu'on ne peut rien en retirer, au contraire, mais c'est dommage !